L'Italien Matteo Renzi réclame un sommet européen. Normal, on convoque bien ces sommets en cas de crise financière. Alors pourquoi pas pour les tombereaux de morts ? Mais les autres dirigeants, pour le moment, comme François Hollande, délèguent aux ministres. Nous sommes, particulièrement en France, les maîtres des cérémonies de commémoration pour les drames du passé. Mais on ne se mobilise pas pour les tragédies du présent.
Dans l'émission de Canal + avec le Président, le cimetière méditerranéen a été expédié en un peu plus d'une minute pour que ces morts, que l'Europe faisait rêver, n'aient pas l'impertinence de venir troubler la bonne humeur ambiante. Une minute et quelques secondes, contre un peu plus de cinq minutes sur la coupe des costumes présidentiels, comme un symbole de notre incandescence contemporaine.
Même si l'Europe n'est pas responsable des drames et de la misère qui poussent ces malheureux à fuir leur pays, elle est coupable de ne pas tout tenter pour les empêcher de crever. Car ce sont des visages qui portent sur eux les traits de l'épouvante. Des enfants qui serrent leur mère, quand celle-ci a survécu. Ils sont semblables à ceux dont les cadavres ont été happés par les flots. Qui en France, sinon les incorrigibles racistes - et ils ne sont pas nombreux -, pourrait rester indifférent à cette détresse et en entendant ces témoignages ? L'indifférence est un abandon de poste qui nous avilit.
La France ne peut pas résoudre seule cette question. Mais elle devrait être l'aiguillon pour faire honneur à sa réputation de patrie de la déclaration des droits de l'homme. Ce serait une bonne manière de rendre hommage à tous ces morts que nous commémorons, de célébrations en célébrations. Et une manière de leur dire que nous avons compris. "Plus jamais ça. Non à l'indifférence". Et si on le fait pas pour des raisons humanitaires, faisons le pour nous-mêmes.
L'afflux de réfugiés nourrit la colère de nos déshérités qui, à leur tour, ont l'impression que d'autres vont venir leur disputer l'aide publique. Va-t-on attendre que survienne chez nous une émeute de la misère ? Comme on l'a vu cette semaine lorsque des migrants musulmans ont jeté à la mer des chrétiens qui se trouvaient sur le même rafiot.
François Hollande a évoqué un risque de guerre de civilisation dans notre pays. Un risque pareil ne se prévient pas uniquement par des appels à la raison, en l’occurrence totalement inopérants, mais par une action résolue et des mesures concrètes. Il faudrait que l'Europe se décide enfin à une action d'envergure.
La priorité, c'est tout faire pour empêcher les naufrages. En ne laissant plus les gardes-côtes italiens seuls à la manœuvre, alors qu'ils n'en peuvent plus. Ce qui nous rendrait notre dignité. Puis ensuite, des contrôles au plus près des côtes, des contrôles aux embarquements.
Il faut des opérations militaires pour briser ces réseaux mafieux et terroristes qui s'enrichissent avec des tarifs qui vont jusqu'à 4.000 euros le passage à partir de la Libye. Un appui économique renforcé aux pays d'origine pour y restaurer un espoir d'avenir. Et en Europe, une immigration régulée avec un droit d'asile appliqué dans un strict respect de la loi.
Pour s'en sortir, il faudrait à la fois mettre fin au drame humanitaire et ne pas ignorer les craintes, fantasmées ou pas, d'un grand nombre de nos compatriotes. Récemment, dans une interview au Parisien, Jamel Debbouze déclarait : " La France n'est pas raciste, c'est une vieille dame qui a peur de la différence". Cette peur-là aussi, il faut la traiter si on veut éviter le pire.
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