Après la gauche française, c'est au tour de la gauche italienne de se montrer divisée. La gauche du Parti démocrate - au pouvoir - s'est trouvée un cheval de bataille : la remise en cause de l'article 18 du code du travail italien proposée par le gouvernement.
De l'autre côté des Alpes, cet article, qui protège les salariés contre les licenciements abusifs, est une sorte de totem social, un marqueur politique : "L'article 18 est un code qui t'ouvre une porte à droite ou à gauche" dans la politique italienne, selon que tu le défendes ou que tu le juges dépassé, explique Giuseppe Civati, député du Parti démocrate et chef de file de la fronde contre Matteo Renzi.
Ce député de gauche, un moment compagnon de route de Matteo Renzi, s'interroge dans ces conditions sur les motivations du chef du gouvernement. Les commentateurs politique ont leur petite idée et jugent que cette ultime "provocation" de l'ancien maire de Florence a surtout pour objectif de mettre au pas les dissidents de gauche, syndicats compris.
La CGIL, syndicat le plus puissant d'Italie a réagi samedi en laissant planer la menace d'une grève générale si Matteo Renzi choisissait de passer en force sur l'article 18 comme il a juré de le faire à plusieurs reprises. L'énergique chef du gouvernement ne s'est pas laissé impressionner et jure qu'il entend bien aller de l'avant, comptant sur l'opinion publique, souvent critique à l'égard de syndicats jugés dépassés et trop soucieux de défendre les salariés les plus privilégiés.
Dans une vidéo postée sur Youtube, moyen de communication qu'affectionne Matteo Renzi, le chef du gouvernement, âgé de 39 ans, a lancé une charge sans précédent contre le monde syndical, pourtant proche de la gauche : "Où étiez-vous pendant toutes ces années quand la plus grande injustice en Italie se développait, l'injustice entre ceux qui ont un travail et ceux qui n'en ont pas, entre ceux qui ont contrat permanent et ceux qui n'ont que des emplois précaires", a-t-il lancé.
Mais au-delà de ce combat pour réformer le marché du travail, mesure jugée essentielle par les milieux d'affaires et les partenaires européens de l'Italie, Matteo Renzi pourrait aussi poursuivre un objectif politique : la suppression de l'article 18 est un "geste politique fort" et il est clair que Matteo Renzi cherche une ouverture à droite, en direction de l'électorat de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, assure ainsi Giuseppe Civati.
Le but est clairement d'avoir le parti "à sa main", en écrasant les voix dissidentes à gauche, estime-t-il. Et s'il n'est pas prêt à la rupture, il met toutefois en garde contre les conséquences de cette ouverture à droite, qui risque de le couper d'une partie de l'électorat de gauche. "C'est un pari risqué, mais Renzi est un joueur", juge sur ce point Marc Lazar, professeur à Sciences Po Paris et à l'université Luiss de Rome.
Et dans cette partie de poker, ajoute-t-il, Matteo Renzi a une "arme atomique", sa popularité, qui lui permet de brandir l'arme des élections anticipées face à des parlementaires tentées par la dissidence. Avec plus de 40% des voix aux dernières élections européennes, le président du Conseil juge qu'il peut imposer les règles du jeu. Lundi, il réunit la direction de son parti, majoritairement derrière lui, pour faire accepter son programme de réformes. Les "frondeurs" espèrent pouvoir être entendus, mais rien n'est moins sûr.
Selon Marc Lazar, même si les Italiens attendent aussi des résultats concrets dans un pays en récession, cette popularité ne se dément pas à la grande différence de la France, où l'expérience Renzi est suivie avec la plus grande attention. Le poids de la gauche traditionnelle y est aussi beaucoup plus fort qu'en Italie, juge cet expert. De ce fait, le Premier ministre français Manuel Valls "ne peut pas avoir recours à cette brutalité qui est aussi la marque de fabrique de Matteo Renzi", explique-t-il.
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