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Corée du Nord : pourquoi Pyongyang va rétablir le téléphone rouge avec Séoul
Le téléphone rouge, coupé en février 2016, servait à la Corée du Nord et à la Corée du Sud à communiquer deux fois par jour. En rétablissant la ligne, Pyongyang espère pouvoir participer aux Jeux Olympiques d'Hiver de Peyongchang (Corée du Sud).
La communication était coupée depuis février 2016. Kim Jong-Un a annoncé lors de son adresse du Nouvel An à la nation, la réouverture du téléphone rouge intercoréen pour discuter de sa participation aux prochains Jeux olympiques en Corée du Sud. Le régime nord-coréen continue ainsi à jouer l'ouverture malgré les railleries de Donald Trump qui s'est vanté d'avoir un bouton nucléaire "plus gros" que celui de Kim Jong-Un.
Le Nord a proposé de rétablir le canal de communication de Panmunjom, village frontalier où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de Corée (1950-1953). Il réagissait à une offre de dialogue de Séoul qui répondait lui-même à une main tendue du dirigeant nord-coréen.
Dans son discours, Kim Jong-Un a évoqué la possibilité de discussions bilatérales et expliqué que Pyongyang pourrait participer aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang (Corée du Sud), qui se tiennent du 9 au 25 février prochains.
Un geste d'ouverture rarissime
La décision de rouvrir le téléphone rouge en Corée survient dans un contexte de tensions croissantes dues à la multiplication des tirs de missiles balistiques et au sixième essai nucléaire de la Corée du Nord, qui poursuit ses ambitions militaires envers et contre tout.
Séoul a répondu en proposant la tenue de discussions de haut niveau le 9 janvier à Panmunjom sur les Jeux olympiques mais aussi "d'autres questions d'intérêt mutuel pour l'amélioration des relations intercoréennes".
J'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien
Donald Trump, Président des États-Unis
Le dirigeant nord-coréen a également profité de son discours du Nouvel An pour répéter que son pays était un État nucléaire à part entière, avertissant qu'il avait en permanence à sa portée le "bouton" atomique.
La déclaration a suscité un nouveau tweet de Donald Trump, dans son style très personnel. "Le leader nord-coréen Kim Jong-Un vient d'affirmer que le 'bouton nucléaire est sur son bureau en permanence' (...) informez-le que moi aussi j'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne!", a écrit le président américain.
Washington a également balayé la perspective d'un dialogue intercoréen. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley a jugé qu'il ne s'agirait que d'un simple "rafistolage". La porte-parole du département d'État Heather Nauer a estimé que Kim Jong-Un "pourrait être en train d'enfoncer un coin" entre Séoul et Washington.
Pyongyang n'a pas semblé ému par cette réaction, annonçant la réouverture du téléphone rouge avec Séoul à 06H30 GMT. Kim Jong-Un a également "salué" le soutien apporté par Séoul à sa proposition, selon Ri Son-Gwon, chef du Comité nord-coréen pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC).
Cela créé un environnement où la communication sera possible à tout moment.
Yoon Young-chan, chef de la communication de la présidence sud-coréenne
Séoul a elle qualifié la décision du Nord de rouvrir la ligne du téléphone rouge de "très significative". "Cela créé un environnement où la communication sera possible à tout moment", a réagi le chef de la communication de la présidence sud-coréenne Yoon Young-chan.
La ligne téléphonique de Panmunjon servait aux deux pays à faire le point deux fois par jour avant d'être coupée en 2016, à la suite de la détérioration de leurs relations bilatérales au sujet d'un différent concernant un complexe industriel conjoint à Kaesong, ville située à quelques kilomètres seulement de la frontière entre les deux états.
Bientôt le rétablissement du dialogue ?
Le Nord et Sud sont séparés depuis des décennies par la Zone démilitarisée (DMZ), l'une des frontières les plus fortement armées du monde. Les derniers pourparlers bilatéraux remontent à décembre 2015 et s'étaient soldés par un échec.
Le président sud-coréen Moon Jae-In est de longue date partisan du dialogue mais Washington a toujours dit qu'elle n'accepterait pas une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire. Nikki Haley a d'ailleurs déclaré que Washington ne pouvait prendre les discussions intercoréennes au sérieux "s'ils ne font pas quelque chose pour interdire toutes les armes nucléaires en Corée du Nord".
Pyongyang soutient avoir besoin de l'arme atomique pour se protéger de l'hostilité de Washington. La Corée du Nord cherche en effet à mettre au point une tête nucléaire capable de frapper le territoire continental américain. Il a essuyé de multiples trains de sanctions de l'ONU sans sembler vouloir céder le moindre pouce de terrain.
