"Le métier de sage-femme c'est avant tout un accompagnement global", confie Laure Warembourg

"Les contractions utérines, j’ai souvent l’habitude de les comparer à des vagues. Alors au début du travail, les vagues sont toutes petites, c’est un  clapot tout léger", au bord de la piscine de Gravelines, dans le  Nord, Laure Warembourg dirige une séance de préparation à l’accouchement à quatre jeunes femmes.
Sur fond de musique relaxante, elle poursuit la métaphore. "Quand la contraction arrive, si elle rencontre quelqu’un qui est détendu, elle va couler plus vite. Si elle rencontre quelqu’un qui est stressé, bloqué au niveau de la respiration, elle va s’écraser en faisant un peu plus de dégâts", illustre la sage-femme.

Pendant une vingtaine d’années, Laure a exercé à l’hôpital. "Le métier de sage-femme est un accompagnement global pour moi, du début de la grossesse jusqu’au retour à la maison. Et cet aspect écoute, je ne le retrouvais plus à l’hôpital. Et j’avais l’impression de ne plus avoir suffisamment de temps à accorde"explique-t-elle. Depuis près d’un an, elle travaille donc dans l’équipe d’un centre de protection maternelle et infantile, une PM. 

Accompagner les jeunes femmes et prendre le temps

Désormais, Laure accompagne de futures mères, souvent en situation précaire. Parmi ses patientes, il y a beaucoup d’adolescentes, qui à 14 ou 15 ans, ne se sont pas toujours rendues comptes qu’elles étaient enceintes. "Elles arrivent à l’hôpital pour un mal de ventre et une heure après on leur a annoncé qu’elles allaient être maman", raconte Laure. Il faut donc prendre son temps, ne pas brusquer ces très jeunes femmes, qui vont devoir faire le deuil d’une grossesse qu’elles n’ont pas vécue", confie la sage-femme passionnée. "On est là pour accompagner, même quand ça se passe mal".

Le camp de Grande Synthe est tout proche, mais Laure n’y entre pas, même si elle est amenée à suivre des migrants. Ce matin-là, elle rend visite à une jeune maman, déjà mère de trois enfants et arrivée enceinte de son quatrième. La famille est prise en charge par une association et installée dans un appartement. Malgré la barrière de la langue, Laure a fait un sacré bout de chemin avec la jeune maman, qu’elle continue à suivre après l’accouchement, en l’accompagnant par exemple à des rendez-vous médicaux.

L’arrivée d’un enfant est toujours un moment magique

Laure Warembourg

Laure s’attendrit. "Pour cette famille, ce petit bout qui est venu au monde, là en France et qui a traversé dans le ventre de sa maman plusieurs pays.  Ses frères et sœurs vont à l’école et ils vont lui parler aussi en français. Elle aura deux langues cette petite puce. C’est vrai que c’est la joie qui est là", explique Laure. Certaines naissances sont attendues avec bonheur, d’autres pas. Dans un cas comme dans l’autre, la sage-femme assiste la famille. "Parfois malheureusement ça se termine mal. Il y a des petits anges qui naissent et qui partent aussitôt. On est là pour ça aussi. Au niveau émotionnel, cette part-là est difficile", reconnaît-elle. "On est là quand même pour les accompagner. C’est encore plus dans ces moments-là qu’on a besoin d’être forte, d’être présente auprès des  mamans".

Aujourd’hui, Laure Warembourg retrouve parfois des patientes qu’elle a mis au monde à ses débuts. Malgré toutes ces naissances, l’arrivée d’un enfant est toujours un moment magique. "C’est vrai qu’à chaque naissance, même au bout de 20 ans, ça m’arrive d’avoir des petits frissons, d’avoir les larmes aux yeux ", ajoute-t-elle.

Portraits de personnes qui sont passionnées par leur métier et savent transmettre cette flamme : un colonel des sapeurs-pompiers, une sage-femme, ou encore un facteur d'instruments de musique, pour citer quelques exemples...