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Henri Launay, restaurateur de poupées : "Si je n'ai pas ma boutique, je suis mutilé"
Quand on pousse la porte de sa boutique à la devanture jaune, la sonnette qui tintinnabule nous transporte dans un monde féerique.
Henri Launay est restaurateur de poupées
Crédit : RTL / Marie-Bénédicte Allaire
Henri Launay est installé depuis 1964 dans le XIème arrondissement de Paris(*). "Je suis un guérisseur, je redonne vie aux poupées", souligne notre homme dans un sourire. Ses 89 ans ne l’empêchent pas d’avoir une très bonne vue. Le jour de notre visite, il est penché sur une poupée d’environ 18 centimètres, avec une tête en porcelaine et des cheveux naturels. Cette "petite poupée, qui a l’air quelconque", lui a été apportée par une dame qui l’avait reçue pour Noël, dans les années 1930.
Quand il s’est installé, Henri Launay réparait surtout de la maroquinerie et des parapluies. C’est à la demande de ses clients qu’il s’est intéressé aux jouets. "Je ne connaissais pas les poupées. À la maison on est quatre garçons. On n’a jamais eu de poupée", avoue-t-il ingénument. Désormais, des poupées qui attendent les bons soins de monsieur Launay, il y en a partout dans des cartons, sur les étagères, et les superbes comptoirs en chêne, rachetés à l’époque à un magasin qui fermaient.
Les tiroirs de Henri Launay sont emplis de pièces détachés pour réparer les poupées, mais aussi les peluches. Celles-ci lui sont souvent confiées par "des messieurs de 50, 60 ans, qui ont fait leur service militaire et ont emporté partout leur peluche". "Alors, elles sont toutes usées, râpées. Quand je remets ça en état, je suis bien content. Et mes clients sont satisfaits aussi", ajoute-t-il.
Œil vif et main précise
Le coût d'une réparation dépend bien sûr de la difficulté des travaux. Mais ce qui n'a pas de prix, c'est qu'en restaurant ces jouets, Henri Launay redonne une vie aux souvenirs d'enfance. Des souvenirs que lui racontent ses clients et qu’il consigne pour les raconter à son tour. Comme celle de cette petite fille, jetée avec sa mère et son petit frère sur les routes de l'exode. Arrive un char allemand. Dans la panique, l’enfant lâche sa poupée. Un soldat descend alors du char, ramasse la poupée et la tend à l’enfant, qui plus de 70 ans plus tard n’a rien oublié. Ou celle de cette fillette tombée malade parce que sa poupée était cassée, et qui retrouve sa gaieté quand monsieur Launay répare le jouet.
Henri Launay a l’œil toujours vif et la main précise. Pour lui, pas question de prendre sa retraite. "Si je n’ai pas ma boutique, je suis mutilé. J’ai un besoin physique d’y venir tous les jours. C’est mon univers".
(*) 114 avenue Parmentier, Paris XIème. Du mardi au vendredi et sur rendez-vous.
Portraits de personnes qui sont passionnées par leur métier et savent transmettre cette flamme : un colonel des sapeurs-pompiers, une sage-femme, ou encore un facteur d'instruments de musique, pour citer quelques exemples...
