Dans le sillage des sanctions occidentales contre la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, Moscou avait annoncé un embargo sur les denrées alimentaires. Un mois plus tard, c'est l'industrie laitière européenne qui est la plus durement touchée, mais la situation pourrait aussi se dégrader rapidement dans d'autres secteurs.
Avant l'embargo, les pays de l'Union européenne exportaient plus de 250.000 tonnes de fromage de type Edam vers la Russie. Une partie du lait qui servait à la fabrication de ces fromages a été détournée vers des denrées qui se conservent mieux comme la poudre de lait ou le beurre, raconte Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques à l'Atla, association française de la transformation laitière.
Résultat : les cours s'effondrent. En France, la tonne de poudre de lait écrémé se vend 2.400 euros, contre 2.880 début août et celle de beurre 3.260 euros, contre 3.600 euros il y a un mois.
Pour l'instant, le prix du lait payé à l'éleveur n'a pas bougé car il faut toujours trois mois environ pour que les variations des prix des produits laitiers transformés se fassent sentir sur celui de la matière première.
Et la grande distribution profite de la situation pour tirer encore plus les prix vers le bas : le groupe allemand Aldi vient d'ailleurs d'annoncer qu'il baissait le prix de la plaque de beurre de 99 à 85 centimes d'euro. Mais, pour Gérard Calbrix, le marché du lait s'est retourné alors qu'il connaissait une embellie depuis plus d'un an. En 2013, les cours mondiaux avaient progressé de près de 10%, tirés notamment par la demande russe.
Une situation qui tombe très mal à quelques mois de la fin du système de quotas en Europe, en avril 2015. Dans cette perspective, l'European Milk Board, qui représente les petits producteurs, réclame une réduction volontaire de la production.
La fédération des agriculteurs allemands DBV demande à son gouvernement et à la Commission européenne "d'accompagner une diversification des marchés à l'export".
Sur les fruits et légumes, l'embargo plombe un peu plus un marché européen déjà déprimé par des récoltes abondantes et une consommation morose. Et c'est la pomme, un des fruits les plus consommés au monde, qui cristallise le plus d'inquiétudes.
La saison ne s'annonçait déjà pas fameuse avec une récolte abondante de 12 millions de tonnes en Europe, contre 11 millions l'an dernier. Les prix sont en conséquence orientés à la baisse notamment sur des variétés internationales comme la Golden ou la Gala.
L'embargo pourrait accentuer la chute des prix car la Pologne a exporté l'an dernier 700.000 tonnes vers la Russie, selon le ministère de l'Agriculture polonais. Cette production ne trouvant plus preneur risque d'engorger le continent.
"Cet effet ricochet ne devrait se faire sentir que cet hiver car traditionnellement à cette saison la Russie achetait les pommes à ses pays voisins, avant de basculer sur l'offre européenne vers janvier", explique Daniel Sauvaitre, président de l'ANPP, association qui représente deux tiers de la production française.
Après l'annonce de l'embargo, les cours du numéro un du saumon, le Norvégien Marine Harvest, avait chuté de plus de 8%.
Un mois plus tard, les esprits se sont apaisés. Certes le prix du saumon a baissé depuis l'annonce des sanctions russes, passant de 40 couronnes (environ 5 euros) le kilo à 32 couronnes. Mais c'est la période où les poissons sont arrivés à maturité, et l'afflux de marchandises pèse sur les prix.
Et puis surtout le marché semble se rééquilibrer tout seul, note François Perrone, chef des opérations du marché spécialisé Fish Pool. "La Russie va devoir se tourner vers le saumon chilien, ce qui veut dire qu'il y aura moins de saumon chilien pour les Américains et les Japonais qui devront donc se tourner à leur tour vers le poisson norvégien", estime-t-il.
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