Faut-il croire à la sortie de la Grèce de la zone euro ? Elle a en fait commencé lundi 29 juin avec le contrôle des capitaux, c’est-à-dire l'interdiction de sortir de l'argent de Grèce. Cela veut dire que, depuis quelques heures, un euro grec ne vaut pas la même chose qu'un euro allemand ou français, ou même slovène. Il vaut moins, puisqu'il n'a plus le droit d'acheter les mêmes choses. C'est la rupture de l'union monétaire. La seconde du reste, puisqu'il y a déjà Chypre sous ce régime du contrôle des capitaux.
La situation désastreuse, c'est celle de la Grèce dans l'euro, sans perspective de redémarrer. Voilà cinq ans qu'on tente de la maintenir, en dépit de l'évidence, et avec un prix considérable, plus de 400 milliards d'euros, quand on additionne les plans d'aide, la remise de dette de 2012 et le soutien aux banques grecques. Intégrer la Grèce à l'euro a été l'erreur initiale. Lui imposer des plans de sauvetage absurde a été aussi une erreur terrible. Il est temps d'en tirer les conséquences.
Si elle sortait, le plus gros risque, dans cette situation, c'est celui de l'instabilité financière : la nouvelle monnaie victime de la spéculation, dont le cours peut s'effondrer, et le pays qui ne trouve plus de devises pour commercer. On peut limiter ces deux inconvénients si la Banque centrale européenne pilote la sortie. Elle pourrait garantir le cours de cette nouvelle drachme par rapport à l'euro, pour lui donner une ancre. Il s'agirait en fait de reconstruire le système monétaire européen, qui serait une sorte de banlieue de l'euro. Au sein de ce SME, la drachme aurait un cours quasi-fixe. Ça serait une sortie sous contrôle.
Le bénéfice principal d'une sortie de la Grèce de l'euro, ce serait la dévaluation de la monnaie, qui aiderait à faire redémarrer l'économie. Une dévaluation d'au moins 50% permettrait de rétablir la vérité des prix. Aujourd'hui, le problème est que le travail grec, les produits grecs, la mer grecque, le soleil grec, l'État grec, tout cela vaut aujourd'hui deux fois trop cher, à cause de l'euro. Ça asphyxie l'économie. La conséquence de cela, c'est la montée de la dette.
Intégrer la Grèce à l'euro a été l'erreur initiale
François Lenglet
La dette ne s'explique qu'en partie par l'excès de dépenses. Elle provient surtout de l'effondrement de l'économie, elle-même causée par une monnaie inadaptée. L'euro en Grèce, c'est comme le franc CFA il y a vingt ans, qui avait interdit le décollage de l'Afrique francophone.
L'autre effet d'une dévaluation, c'est que ça ruine les épargnants. C'est justement fait pour cela. Cela ampute le pouvoir d'achat international du pays. Du coup, il achète moins à l'étranger, les écrans plats chinois etc., et on vend davantage à l'étranger. Les comptes se rééquilibrent. La dévaluation, c'est une forme d'austérité avec anesthésie. C'est une forme bien plus acceptable que les coupes sauvages dans les minima de retraites ou les hôpitaux.
Il est aussi possible qu'on soit dans une sorte de bras de fer qui débouche sur une nouvelle prolongation du plan d'aide, avec son cortège de mesures très secondaires sur la TVA. Mais faut-il vraiment le souhaiter ? Ces plans d'aide n'ont rien réglés en quatre ans. S'il y avait le traditionnel sommet-de-la-dernière-chance-donnant-lieu-à-un-accord-historique, nous pourrions bien retrouver le problème grec dans six mois ou dans un an.
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