Attentats à Paris : quelles conséquences sur notre économie ?

Il est impossible d’évaluer précisément les conséquences des attentats du 13 novembre. Les épreuves et les drames que nous avons endurés dans le passé nous donnent quelques éléments de réponse. En 1995, la vague d’attentats avait sévèrement affecté le moral des Français, et la consommation avait fortement flanché. Avec des conséquences négatives sur l’activité et l’emploi. Plus près de nous, le choc de Charlie-Hebdo et de l'Hyper Casher a rapidement été absorbé par un retournement de conjoncture. La baisse brutale des prix de l’énergie, le crédit facile et un euro faible avaient redonné du pouvoir d’achat aux ménages et des marges de manœuvre aux entreprises. Est-ce que cela peut servir de guide? Difficile à dire.
État d’urgence, mesures martiales : tous les dispositifs annoncés par le chef de l’État rassurent. Mais ils soulignent aussi que le risque est désormais permanent. Nous ouvrons donc une page économique jamais explorée en France en temps de paix. Tout va se jouer sur les anticipations des Français et des entreprises. Elles peuvent être positives, comme après le 11 janvier : l’activité avait bondi de 0,7%. Elles peuvent être négatives si le repli l’emporte durablement.
L'économie française est une économie sophistiquée, c’est-à-dire de services. C’est là, et pas dans l’industrie, que ce crée richesse et emplois. Or ces activités sont beaucoup plus volatiles que les métiers traditionnels du BTP, de la métallurgie ou de la chimie. Par ailleurs, les investisseurs internationaux peuvent désormais s’inquiéter de notre facteur risque quand ils comparent l’attractivité de la France à celle de la Grande-Bretagne ou de l’Allemagne.

Les investisseurs internationaux peuvent désormais s’inquiéter de notre facteur

Christian Menanteau

S'il y a un secteur économique plus fragile que d’autres, c'est incontestablement le tourisme. La France est la première destination mondiale en termes de visiteurs. Paris a un pouvoir de séduction unique au monde. L’ensemble de ce secteur, qui contribue pour 7,5% à la richesse du pays, est un grand pourvoyeur d’emploi. Mais c’est aussi l’activité la plus sensible aux variations psychologiques. La Tunisie et l’Égypte en font actuellement la démonstration.

Laurent Fabius a ouvert un plan d’un milliard d’euros pour doper l’attractivité internationale de ce secteur. On saura très vite avec les premiers bilans réservations-annulations si les étrangers, qui nous ont marqué leur solidarité à travers le monde, la confirmeront en venant nous visiter.

Le bloc-notes

On reste dans le tourisme avec la plus somptueuse des alliances entre le groupe Marriott et son rival Starwwood. Un mariage à 12 milliards de dollars pour un nouveau leader mondial.