Allemagne : pourquoi Lufthansa s'enlise dans son conflit social
REPLAY / ÉDITO - Après Air France, c’est au tour du transporteur allemand Lufthansa de traverser de sérieuses perturbations. Mercredi 11 novembre, elle a dû annuler 1.000 vols en raison de mouvements sociaux.
Cette grève - la quinzième en moins de dix-huit mois - est la plus virulente de l’histoire de la compagnie. Elle s’annonce aussi comme le plus long conflit social de son histoire. Le point d’orgue d’une situation qui pourrait par ailleurs devenir critique. Mercredi 11 novembre, 100.000 passagers sont restés sur le carreau. Mais depuis le début de ce dernier conflit, ce sont 2.800 vols et 330.000 voyageurs qui n’ont pu embarquer. En quelques mois, des grèves de toutes natures ont déjà provoqué l’annulation de 12.800 vols et coûté 350 millions d'euros à Lufthansa.
Qu’est-ce qui justifient ces tensions récurrentes ? La nécessité pour le numéro un européen d’accélérer sa restructuration et de réduire ses coûts d’exploitation pour endiguer la progression constante des concurrents du Golfe et des low-cost aux ambitions sans limites. Ce sont ces mutations qui durcissent les positions. La direction fait face à deux fronts : celui de ses 5.400 pilotes accrochés à leurs rémunérations et à leurs préretraites, et celui des personnes navigants commerciaux (les 19.000 hôtesses et stewards) qui bataillent pour leurs conditions de travail et leurs salaires.
Les dirigeants de la compagnie allemande anticipent un durcissement de la compétition
Christian Menanteau
Mais Lufthansa est une compagnie qui se porte encore très bien. La compagnie a enregistré 550 millions de bénéfices sur les six premiers mois de l’année. Mais ses dirigeants anticipent un durcissement de la compétition. Pour conserver leur place sur l’échiquier du transport aérien, ils ont décidé de transférer ses lignes intérieures et européennes à sa filiale low-cost Eurowings. Le problème à Francfort, comme à Paris avec Transavia, c’est que ces évolutions bouleversent les codes et les organisations des grandes compagnies traditionnelles. Ce qui au passage relativise les difficultés du groupe Air France. Transformer un modèle économique est aussi délicat des deux côtés du Rhin.
C'est un peu le modèle allemand (le fameux "modèle rhénan") qui est secoué. L'efficacité de sa cogestion et le sens de sa stratégie à long terme ont produit des performances remarquables ces dernières décennies. Mais il est lui aussi confronté à de nouvelles équations : mondialisation dérégulée, nouveaux champions des pays émergents, technologies de rupture en provenance d'Amérique. Cette onde de choc, qui a déstabilisé la France, touche désormais aussi la puissante Allemagne.
Le bloc-notes
Le gouvernement allemand lance des tests sur cinquante moteurs diesel de 23 marques. Manifestement Berlin ne veut pas que Volkswagen soit le seul constructeur diabolisé par le scandale des émissions manipulées.
La note du jour
12/20 à l'adresse internet .BZH. Selon une agence de marketing américaine, c'est la cinquième extension de domaine la plus dynamique d'Europe, Juste après la Bavière et Bruxelles.
