Isabelle Morini-Bosc : "On espère que Lilian de The Voice ne va pas déchanter"

C'est fait, mon champion a gagné, c'est la fin et c'est donc le début. Oui, Lilian et l'odyssée, ça peut commencer. De qui s'agit-il ? De Lilian Renaud, gagnant de la 4ème édition du télé-crochet musical The Voice. Contre toute attente, il a battu la favorite Anne Sila cornaquée par Florent Pagny. Mon attente à moi était donc, je l'avoue, de le voir gagner, lui. Tout en étant évidemment sensible à la ravissante Anne Sila, grand coffre, grand cœur et grand talent.

Je regrette simplement cette manie qui consiste à vouloir que des chanteuses uniques poussent leur voix et grimpent jusqu'à la note ultime, la plus aiguë, et la tiennent jusqu'au moment précis où le son émis cesse d'être mélodieux. L'ex-ministre Benoît Hamon ne pense certes pas comme moi, pas plus que ma copine Véronique Genest. Mais c'est néanmoins (aussi) pour cette raison que j'ai donné ma voix à celle de Lilian.

Une vraie richesse humaine

Il a donc gagné. Dommage ! Eh oui, dommage parce que c'est le début de la tension et de l'attention médiatiques. Il va être partout sur la toile, et de la toile à la toile d'araignée. On espère qu'il ne va pas "déchanter"; qu'il saura se tenir à distance de tous les dangers (show-biz, medias, échecs, succès), le petit fromager franc-comtois aussi franc du collier. D'autant que le fait d'avoir plusieurs styles, ce qui est son cas, équivaut à risquer de n'en avoir aucun.
Mais ce serait surtout dommage que le fil des temps nouveaux abîme ce garçon à première vue complètement imbibé d'une vraie richesse humaine hors-mode. Comme son superbe timbre. Surtout, comme dirait Rudyard Kipling, qu'il sache rester digne dans la gloire comme dans la déception et surtout, surtout, qu'il sache rester gentil. S'il changeait, c'est nous qui, pour le dénoncer, manquerions de voix !