La difficulté de vivre de sa terre, c'est un des sujets de Premiers crus, mais pas seulement. François Maréchal a été un grand du vin en Bourgogne mais le temps qui passe, des blessures familiales, l'envie qui s'en va menacent son domaine. Seul Charlie, son fils, devenu œnologue réputé à Paris, pourrait sauver la vigne et lui redonner le goût du métier. Mais le père Maréchal n'est pas comme le bon vin : il ne se bonifie pas avec les années et Charlie refuse. À moins que l'honneur, la parole, le courage et l'amour ne poussent le jeune homme à changer d'opinion.
Le héros de "Premiers crus" est un homme qui correspond à mes valeurs
Premiers crus sent le terroir, les valeurs, le travail. C'est aussi un film remarquablement écrit et réalisé par Jérôme Le Maire, porté par casting qui a du goût - Gérard Lanvin et Jalil Lespert - et de la cuisse - Alice Taglioni, Laura Smet. Lanvin quitte le registre de ses derniers films, qui comportaient des personnages parfois un peu sombres. Ici, le comédien est plus solaire, même s'il assure ne pas avoir choisi ce rôle pour cela. "C'est un homme qui correspond à mes valeurs, qui vit dehors. Étant rat des champs moi même, j'y ai trouvé mon compte", confie l'acteur.
Gérard Lanvin connaissait déjà le monde du vin. "Je connais bien le vin, surtout celui de Bordeaux. Mon père m'a élevé à ce goût-là", révèle l'acteur. En tant que citoyen, il se sent concerné par les problèmes rencontrés par les paysans. "Je n'ai pas les solutions, mais j'ai un profond respect et une profonde amitié pour ces gens là", avoue-t-il.
Le lien entre Gérard Lanvin et Jalil Lespert, le fiston du comédien dans Premiers crus, existait avant même tournage. "J'ai grandi en voyant ses films, avec les Frères Pétard, les Spécialistes, le Prix du danger. Gérard, pour moi, c'était un des acteurs les plus contemporains, avec un jeu moderne, un ton moderne, avec un physique avenant, malin. C'est un acteur magnifique. En plus, dans ce film il a quelque chose de Belmondo, une facilité à être présent au moment où on va jouer la scène", confie Jalil Lespert. Un hommage bien accueilli par son père à l'écran. "C'est troublant et en même temps rassurant, plein d'amitié, de respect. Notre longévité tient aussi à ça, aux vieux acteurs", s'émeut Gérard Lanvin.
En France, nos scénarios ne sont pas très brillants
Gérard Lanvin
À 65 ans, le comédien ne mâche pas ses mots sur la fameuse "grande famille du cinéma français". "Je trouve que nos scénarios ne sont pas très brillants. On n'a pas développé cette partie là, qui rendait service à des acteurs énormes comme Jean Gabin ou Yves Montand. On manque de choses intéressantes, surtout à notre âge et c'est compliqué de trouver quelque chose qui nous séduise. Je pense que la production n'est pas assez exigeante", lâche Gérard Lanvin. Un vrai franc-parler qu'il assume totalement. "La chose la plus importante, c'est l'adhésion du public. Je dis la vérité, et le prix que je paye pour cela n'est pas très élevé", avoue l'acteur.