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Festival de Cannes 2014 : "Winter Sleep", première Palme d'or méritée pour Nuri Bilge Ceylan
"Winter Sleep" du réalisateur turque remporte la récompense suprême du festival de Cannes 2014. Filmé dans les steppes sauvages de Turquie, le film a séduit d'emblée la critique.
Lors de sa diffusion en première semaine du festival, la critique a immédiatement classé Winter Sleep parmi ses favoris pour la Palme d'or. Sérieusement concurrencé par Mommy de Xavier Dolan, le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan l'a finalement emporté.
Winter Sleep est son cinquième film présenté en compétition à Cannes. Le cinéaste est déjà l'heureux propriétaire de deux Grands Prix du jury (2003 et 2011) et d'un prix de la mise en scène (2008). Cette fois, il repart avec la récompense suprême, un aboutissement pour l'artiste de 55 ans.
Casser l'image lisse du héros
Les 3h15 du long-métrage de Winter Sleep n'ont visiblement en rien rebuté le jury de Jane Campion, au contraire. Ces trois heures permettent à Nuri Bilge Ceylant d'étaler tout son art, sans lourdeur.
Aydin (Haluk Bilginer), comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il n'est plus aussi amoureux, et sa sœur Necla. Elle souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur confortable refuse mais aussi le centre de leurs déchirements.
Aydin, qui se voit comme un intellectuel, publie régulièrement ses écrits dans le journal local. Il en est extrêmement fier A travers un huis-clos psychologique, le réalisateur entreprend de détruire complètement l'auto-satisfaction et l'image lisse du héros.
Règlement de compte sur fond de paysages sauvages
Sa femme et sa soeur vont tour à tour lui dire ses quatre vérités. "Grâce à toi, ma vie est totalement vide. Je vis à tes crochets au prix de ma liberté", lui déclare violemment son épouse, tandis que la soeur fustige le soi-disant talent d'écrivain de son frère.
Ce règlement de compte captivant est filmé dans certaines pièces de la maison des trois personnages, souvent éclairées d'une lumière tamisée. les discussions chahutées s'étirent tandis que la neige commence à tomber. Le réalisateur glisse également de magnifiques plans des étendues sauvages de la steppe turque. Grandiose.
Très concerné par son pays qu'il a souvent filmé, Nuri Bilge Ceylan a dédié sa Palme d'Or à "la jeunesse turque qui a perdu la vie ces dernières années", faisant référence aux récentes émeutes de la place Taksim.
