Selon Thierry Frémaux, Jean-Luc Godard a "promis d'être là" à Cannes. Avant d'ajouter avec malice : "Ce qui, avec Jean-Luc, ne veut rien dire".
Le réalisateur a prouvé plus d'une fois qu'il était imprévisible et insaisissable. Le festival de Cannes s'en souvient encore.
En mai 1968, l'événement cannois est maintenu, malgré la révolte politique, sociale et culturelle qui frappe la France. Le 10 mai, François Truffaut, Claude Lelouch et Jean-Luc Godard organisent un mouvement de rébellion contre "l'État gaulliste", en plein festival.
Ils sont soutenus par certains membres du jury comme Orson Welles, Louis Malle, Monica Vitti et Roman Polanski.
Les trois réalisateurs français organisent une manifestation le 18 mai pendant une des projections, empêchant la diffusion des films. Le Festival de Cannes 68 est officiellement annulé le 19 mai, cinq jours avant la fin.
Jean-Luc Godard n'était alors pas sélectionné en compétition. Il le sera vingt ans plus tard avec Sauve qui peut (la vie).
Le film au casting cinq étoiles (Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Nathalie Baye) raconte les aspirations et les angoisses d'hommes et de femmes face à une société qui les broie. "Un film génial fait par un génie du cinéma", estimait la critique.
Les films de Jean-Luc Godard seront ensuite régulièrement sélectionnés, faisant du réalisateur un habitué de la Croisette.
Passion (1983), Détective (1985), Aria (1987), Nouvelle vague (1990, avec Alain Delon), Éloge de l'amour (2001) intègrent tour à tour la compétition cannoise mais repartent toujours bredouilles.
En 2010, Film Socialism figure dans la catégorie "Un Certain regard". Mais le réalisateur franco-suisse ne souhaite pas faire le déplacement sur la Croisette.
"Suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligé à Cannes. Avec le festival, j'irai jusqu'à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus. Amicalement. Jean-Luc", écrivait-il alors à Thierry Frémaux.
À 82 ans, le cinéaste continue de ne rien faire comme tout le monde. Adieu au langage, son film sélectionné lors de cette 67ème édition du festival de Cannes, est un véritable ovni, totalement déconstruit.
Les dialogues et les scènes s’enchaînent sans logique apparente dans la bande-annonce. Jean-Luc Godard éclaircira le mystère autour de sa dernière production sur la Croisette, du 14 au 24 mai... S'il daigne venir.
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