Albert Uderzo et sa fille Sylvie ont annoncé vendredi 26 septembre qu'ils mettaient fin à leur dispute judiciaire qui durait depuis 7 ans. Cette décision intervient après que la cour d'appel de Versailles a annoncé que le dessinateur n'était pas victime d'un abus de faiblesse, chose que soutenait sa fille depuis une plainte déposée en 2011.
Le conflit a véritablement éclaté en 2007, lorsque la fille d'Uderzo Sylvie et son époux Bernard de Choisy sont remerciés par les éditions Albert René, chargées des albums d'Astérix conçus après la mort de René Goscinny, en 1977. Albert Uderzo et sa femme Ada expliquent alors que le jeune couple tentait selon eux de "mettre la main" sur le patrimoine Astérix, en introduisant et faisant se prolonger à l'époque "des procédures judiciaires qui ne reposent sur aucun fondement".
En 2008, la société Albert René est cédée à Hachette Livre, mais Sylvie Uderzo qui détient des parts s'oppose à la transaction, ne comprenant pas que son père autorise l'éditeur du groupe Lagardère à poursuivre les aventures d'Astérix après sa mort.
Après trois ans de négociations, en 2011, Sylvie Uderzo finit par céder ses parts à Hachette pour environ 13 millions d'euros, avant de déposer une première plainte pour abus de faiblesse quelques mois plus tard. Cette dernière visait alors "l'entourage toxique" de son père qu'elle accusait d'avoir "pillé et brisé" la famille Uderzo.
Albert Uderzo avait vivement démenti cette accusation. "Des experts m'ont interrogé pendant dix-sept heures. Ils ont conclu qu'ils aimeraient avoir une telle mémoire s'ils arrivent à mon âge" confiera-t-il.
Les conclusions des policiers de la brigade de la répression de la délinquance aux personnes qui ont entendu à cinq reprises le dessinateur, sont dés 2011 clairs dans leur jugement : "Aucun élément n'a révélé des faits d'abus de faiblesse", avaient-ils déclaré. Une ordonnance de non-lieu avait été rendue dans cette affaire, les juges d'instruction mettant en avant "la grande vivacité intellectuelle" et "la mémoire intacte" du dessinateur. Mais Sylvie Uderzo a fait appel de l'ordonnance, le tribunal de Nanterre était alors dans l'attente de la cour d'appel de Versailles.
En 2014, le dessinateur d'Astérix intente un procès contre sa fille et son gendre pour "violences psychologiques", mais le tribunal correctionnel de Nanterre estimant ne pas avoir en main toutes les pièces du dossier avait renvoyé le procès au 6 janvier 2015 dans l'attente de la décision de la cour d'appel de Versailles rendue ce vendredi 26 septembre. Cette annonce a forcé le père et sa fille a stopper toute procédure affirmant désormais vouloir "profiter pleinement de leur bonheur retrouvé".
Aujourd'hui, Astérix est la bande dessinée française la plus vendue (plus de 352 millions d'albums) et la plus traduite (111 langues ) dans le monde. Albert Uderzo reçoit environ 1,4 million d'euros de droits d'auteur par an, et détient un patrimoine global, selon la justice, d'environ 32 millions d'euros. Astérix chez les Pictes, premier album conçu sans Uderzo sorti le 24 octobre 2013, s'était hissé en tête des meilleures ventes de livres en 2013 en moins de deux mois.