Eric Zemmour a réclamé trois millions d'euros de dommages et intérêts à son ancien éditeur Albin Michel pour rupture abusive de contrat, dans un procès mercredi. Albin Michel avait renoncé, par un courrier de juin 2021, à publier un sixième livre du polémiste, "La France n'a pas dit son dernier mot", après en avoir édité cinq autres.
La maison d'édition avait invoqué l'intention de l'auteur de "devenir un homme politique" et "faire de son prochain livre un élément clé de sa candidature" à la présidentielle, où il a été éliminé au premier tour. Eric Zemmour, via sa société, la SARL Rubempré, a porté l'affaire devant le tribunal judiciaire de Paris. Il n'était pas à l'audience.
"Albin Michel fait une résiliation unilatérale" d'un contrat d'édition signé en 2015, et cette "résiliation est illégale", a affirmé devant le tribunal Arnaud de Senilhes, l'avocat du fondateur du parti d'extrême droite Reconquête. Il a aussi dénoncé "une censure politique". "Privé d'éditeur, il était impossible de trouver un éditeur dans les temps impartis pour sortir ce livre à la date à laquelle il tenait, en septembre 2021", a-t-il souligné. "On a été obligé de s'inventer comme éditeur".
Me de Senilhes a relevé que s'il avait été édité par Albin Michel, le livre "n'aurait pas compté une faute d'orthographe dès la première page", ce qui "a suscité des dizaines d'articles". La maison d'édition fait valoir le non-respect par M. Zemmour des délais contractuels, à savoir de remettre un manuscrit en 2019. Or au printemps 2021, alors qu'aucun début de manuscrit n'a été transmis, "tout à coup M. Zemmour nous dit : ça va être un livre de campagne", a expliqué l'avocat d'Albin Michel, Christophe Bigot.
"M. Zemmour ne peut pas imposer ça à son éditeur, alors que le délai contractuel de remise est expiré (...) Les éditions Albin Michel répondent : non, on n'est pas intéressé par ça", a-t-il ajouté. Pour Albin Michel, "tout cela a été téléguidé", Eric Zemmour préférant s'auto-éditer car "il voit tout le potentiel de son livre". L'ouvrage s'est vendu à 272.000 exemplaires en 2021. Albin Michel estime qu'au lieu de gagner un million d'euros avec cette maison, en vendant 300.000 exemplaires, l'auteur a empoché "à peu près" le double en le faisant paraître aux éditions Rubempré.
La procédure a permis d'apprendre qu'Éric Zemmour était assisté dans l'écriture de ses ouvrages par l'historien Jacques de Saint Victor. Le jugement a été mis en délibéré au 25 octobre.