Équipe de France : pourquoi un passage en 4-4-2 serait une bonne idée
DÉCRYPTAGE - Lourdement battu par la Belgique, l'équipe de France pourrait profiter de cette période de doutes pour réhabiliter une tactique à deux attaquants.
À un an de l'Euro 2016, l'équipe de France inquiète plus qu'elle ne donne confiance après sa nette défaite contre la Belgique (3-4). Une contre-performance qui pourrait s'expliquer par les absences de certains cadres, par le caractère amical de la rencontre ou par sa programmation en fin de saison, une période où les joueurs sont émoussés physiquement et tentés d'avoir la tête déjà en vacances. Le terrain a néanmoins montré une vérité : pendant près de 90 minutes, les Bleus ont été incapables de développer du jeu et ont longtemps été inoffensifs. Des problèmes qui pourraient bien être le prétexte parfait pour tester une nouvelle fois le 4-4-2 à la place du 4-4-3, face à l'Albanie, samedi 13 juin.
Benzema, Lacazette, Fekir et Griezmann à l'aise avec deux pointes
La mise en place d'un 4-4-2 se justifie généralement par la complémentarité et l'aisance tactique des buteurs alignés en pointe. Or, quasiment tous les avants-centres français actuellement en forme se distinguent dans ce schéma. C'est dans un dispositif similaire qu'évolue Karim Benzema (blessé pour l'Albanie, ndlr) au Real Madrid. Carlo Ancelotti, adepte des transitions entre 4-3-3 et 4-4-2, a souvent fait en sorte que Cristiano Ronaldo, 48 buts en Liga, occupe l'axe. Du coup, le numéro 9 français se trouve plus dans un rôle de passeur devant faire jouer les autres éléments (10 passes décisives) que de buteur providentiel. Ce fer de lance chez les Bleus pourrait être Alexandre Lacazette. Élu meilleur joueur de Ligue 1 par ses pairs, il a fini meilleur buteur avec 27 réalisations. Il explose à l'Olympique Lyonnais depuis qu'il a quitté le côté droit qui ne le sied point pour être repositionné dans l'axe en compagnie d'un autre joueur axial : Bafétimbi Gomis puis Nabil Fekir.
Ce dernier, révélation du championnat, ne prétend pas à être titulaire dans l'immédiat en sélection. Mais ce nouveau venu a été convoqué lors des deux derniers rassemblements et sa bonne entrée contre les Belges indique qu'il pourrait faire partie des joueurs qui comptent dans les prochains mois. Antoine Griezmann lui aussi entre dans l'équation. Après de bons débuts avec la tunique tricolore l'année dernière, ses prestations actuelles sur son côté gauche dénotent clairement avec ses grandes performances réalisées dans son nouveau club, l'Atlético de Madrid, où il a coulissé de l'aile gauche vers l'axe, dans une attaque en 4-4-2 là aussi.
Une paire plutôt qu'un trio au milieu ?
Depuis la qualification pour la Coupe du monde, Didier Deschamps est attaché à son milieu à trois. Mais au fil des matches, les limites s'affichent de plus en plus. Notamment à cause du poste de sentinelle devant la défense, pour lequel il n'y a qu'un seul spécialiste dans le groupe actuel et qui n'est certainement pas Yohan Cabaye. Certes, il l'occupe régulièrement mais ce n'est pas son poste de prédilection, ses matches au PSG le montrent. Il s'est toujours révélé plus efficace un peu plus haut sur le terrain, tel un relayeur ou un box-to-box.
Quant aux autres habitués, à savoir Paul Pogba, Blaise Matuidi, Moussa Sissoko, Morgan Schneiderlin ou encore Geoffrey Kondogbia, ils ne sont pas non plus destinés à évoluer comme numéro 6. Finalement, seul Maxime Gonalons semble être en mesure de répondre aux attentes de ce poste, au vu de ce qu'il réalise à l'OL. Sans lui, un duo dans l'entrejeu pourrait donc s'avérer plus efficace qu'un trio où la complémentarité semble difficile à trouver, surtout lorsque Pogba manque, en atteste encore l'association Sissoko-Cabaye-Matuidi face à la Belgique.
Deschamps réticent
Le 4-4-2 peut également être installé avec un meneur de jeu axial, le fameux numéro 10. Mathieu Valbuena, Dimitri Payet et Nabil Fekir peuvent revêtir le costume. Mais ce système en losange semble plus compliqué à installer par rapport au 4-4-2 à plat, à cause des problèmes posés par le manque de largeur et l'extrême importance accordée aux arrières latéraux.
Surtout, le losange et les deux attaquants axiaux rappellent de mauvais souvenirs à Didier Deschamps. Car la dernière fois qu'il avait déployé cette tactique, c'était justement contre l'Albanie, en novembre dernier (1-1). Mais l'expérimentation, avec Benzema et Lacazette, n'avait duré qu'une seule mi-temps et le 4-4-2 rapidement rangé au placard après un début de match difficile. Le sélectionneur avait alors déclaré : "Je ne veux pas condamner ce système mais on a plus de repères avec une attaque positionnée plus sur la largeur. Ça semble plus rationnel". Mais Benzema avait pour sa part affirmé : "On doit être capable de jouer avec les deux systèmes (4-3-3 et 4-4-2)". Il serait peut-être temps de s'y mettre.
