Yvan Bourgnon en passe de réaliser son incroyable exploit

REPORTAGE - Parti le 13 juillet d’Alaska, le navigateur suisse qui traverse le passage nord-ouest à travers les glaces devrait arriver en fin de semaine au Groenland.

"Ma Louloutte"

Crédit : defibime´dia

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Épuisé mais conscient du formidable exploit qu’il est en train de réaliser, Yvan Bourgnon est sur le point de réussir une première mondiale : la traversée en solitaire et sans assistance du passage du nord-ouest en catamaran de sport non habitable.

Ce défi qu’il espérait réaliser en 45 jours sur "Ma Louloutte", son petit catamaran de 6 mètres de long, aura finalement duré près de 70 jours, avec de multiples imprévus, de violentes tempêtes, de nombreuses avaries, une collision avec un morse et une incroyable rencontre nez à nez avec un énorme ours blanc.

Mais ce qui fut certainement le plus dur pour le navigateur de 46 ans, c’est d’être resté bloqué pendant 18 jours dans la baie de Weld à attendre l’ouverture des glaces pour tenter de passer. C’est finalement à la 4e tentative qu’il a pu poursuivre son périple, heurtant par endroit de nombreux blocs de glace avant d’affronter deux violentes tempêtes.

Nez à nez avec un énorme ours blanc

"Là, j’ai cru que c’était la fin car 'Ma Louloutte' a failli se retourner", explique Yvan Bourgnon, très lucide sur sa tentative de traversée. "Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de difficultés, j’en ai bavé". Mais c’est au large des terres inuites qu’un drame a failli se produire le 16 septembre dernier : le marin, dormant sur l’un des flotteurs de son bateau, s’est retrouvé nez à nez avec un énorme ours blanc qui avait ses deux pattes avant posées sur la coque.

Yvan Bourgnon a alors pris son pistolet d’alarme et tiré deux coups pour l’effrayer. "Il n'a pas bougé, totalement impassible. Dans le même temps, je n'ai pas cessé de hurler vers lui, comme on me l'avait conseillé. Pendant une ou deux minutes, qui m'ont semblé une éternité, nos regards se sont croisés et c'est alors que très calmement l’ours a relâché la coque de 'Ma Louloutte' et a tranquillement glissé dans l'eau. Je suis resté à genoux sur mon banc pendant de longues minutes, tremblant comme une feuille, conscient d'être passé près de la catastrophe".

En gros déficit de sommeil et très diminué physiquement, Yvan Bourgnon espère maintenant arriver au plus vite au port de Nuuk, au Groenland, où l’attendent ses amis, son équipe et sa compagne Géraldine. "J’ai frôlé plusieurs fois la catastrophe, mais je n’ai rien lâché malgré mes mains qui me font extrêmement mal. Lors de la traversée de la banquise, je me suis senti en danger. C’était la première fois de ma vie en mer, mais l’image de mes deux grands garçons, et surtout de Tao mon fils né une semaine avant que je parte, m’ont imposé d’être prudent et aidé à tenir".