Route du Rhum : Loïck Peyron pour un pari osé

Sur les mers du globe, Loïck Peyron a presque tout gagné. Mais en six participations, il n’a jamais réussi à inscrire son nom au palmarès de cette traversée Saint-Malo-Pointe-à-Pitre, sa dernière tentative, en 2002 s’étant soldée sur un démâtage. Alors cette année, il voulait revenir, sans prétention, mais avec une pointe de nostalgie en s’alignant sur un petit trimaran jaune, sister ship du à jamais mythique "Olympus" de Mike Birch. 

"Je voulais à ma manière célébrer le 36ème anniversaire de sa victoire sur le Rhum lors de la 1ère édition, histoire de naviguer un peu au sextant …" explique-t-il. Mais voilà, l’été dernier un appel téléphonique bouscule les plans de Loïck Peyron lorsqu’on lui propose de remplacer Armel Le Cléach. 

Un bateau conçu pour un équipage de 10 personnes

Sérieusement blessé à la main, le navigateur finistérien est contraint de déclarer forfait pour la Route du Rhum. "Je n’ai pas dit oui tout de suite, il fallait que je mesure l’ampleur de la tâche". Le "Maxi solo Banque Populaire VII" est en effet un voilier démesuré de 31,50 mètres qui a près de 680 m2 de voilure. "Ces chiffres font peur et plus que tout, il est normalement conçu pour naviguer avec un équipage de dix personnes." 

Mais au final, Peyron n’hésite pas longtemps, le challenge est trop excitant. Et puis, ce maxi trimaran n’est autre que l’ancien "Groupama 3" de Franck Cammas qui a remporté la dernière la dernière édition du Rhum en 2010. Preuve qu’il peut être barré par un seul homme. "Oui mais il faut avoir une condition physique exceptionnelle et en cela, je n’ai plus l’âge. Il m’a donc fallu reprendre l’entraînement intensif, me familiariser avec la monture."

Le plus grand challenge de toute ma carrière

Loïck Peyron

Mais pour cela, il peut compter sur le soutien de toute l’équipe Banque Populaire avec qui il a déjà collaboré par le passé puisqu’il est détenteur depuis 2012 du trophée Jules-Verne, le tour du monde à la voile le plus rapide réalisé en équipage, sans escale, un record réalisé en 45 jours 13 heures 42 min et 53 secondes. Reste que ce nouveau challenge est selon Loïck Peyron "le plus grand et le plus risqué de toute ma carrière et ça ne refuse pas !"

Selon toute vraisemblance et sauf avarie, ce bateau, comme les sept autres de la délirante classe Ultime devrait mettre entre 7 et 9 jours pour traverser l’Atlantique. Mais pour cela Loïck Peyron a réappris tous les réflexes du navigateur en solitaire sur des machines en équilibre instable. « La tâche est énorme, mais pas insurmontable. Ce défi est tout sauf anodin, et ce ne sera pas une promenade de santé. »