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Route du Rhum : une course légendaire

REPORTAGE – Depuis sa création la célèbre course en solitaire a consacré mais aussi perdu de grands marins.

  • Olympus devance Kriter V de 98 secondes a` l'arrive´e 1e`re route du rhum
    Crédits : @AFP routedurhum
  • Poupon sur Fleury Michon en 1986
    Crédits : Routedurhum
  • Florence Arthaud en 1990
    Crédits : AFP Marcel Mochet routedurhum
  • Lemonchois en 2006
    Crédits : AFP routedurhum
  • Cammas en 2010
    Crédits : AFP route du rhum
Frédéric Veille
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À quelques jours du départ de cette 10e édition, il était important de se remémorer les grandes heures de cette course en solitaire, sans escale et sans assistance. Car cette traversée entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre est, au fil des décennies, devenue légendaire par ses exploits humains, ses records et par ses drames.

Et c’est justement par une tragique disparition survenue quelques jours après le départ de la 1ère édition, que débute l’histoire de la plus célèbre des transatlantiques. Alain Colas, ancien équipier d’Eric Tabarly et nouvelle star de la voile française a pris depuis quelques jours le départ de sa première route du Rhum à bord de "Manureva". 

Alain Colas et "Manureva"

Mais en ce 16 novembre 1978 et alors qu’il vient de dépasser les Açores, une tempête se déchaîne : on ne retrouvera ni son corps, ni son bateau. À 35 ans, Alain Colas entre malgré lui dans la légende de la course qui est remportée treize jours plus tard par un inconnu, un Canadien de 47 ans, ancien cavalier de rodéo répondant au nom de… Mike Birch. 

À bord de "Olympus" son petit trimaran jaune, Birch coupe la ligne d’arrivée en un peu plus de 22 jours au terme d’un final époustouflant puisqu’à l’approche des terres guadeloupéennes, il double le concurrent qui le précède et l’emporte avec 98 secondes d’avance sur le français Michel Malinovsky. Dans le viseur des caméras qui font vivre cet événement, c’est aussi la première victoire en course d'un multicoque sur un monocoque. Le début d’une révolution dans le monde de la voile !

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Car désormais, la route du Rhum devient l’autoroute du Rhum pour les géants des mers qui vont à chaque fois un peu plus vite sur des bateaux toujours plus grands, toujours plus performants. Cela commence en 1982 avec Marc Pajot qui sur "Elf Aquitaine" ne met que 18 jours pour rallier la Guadeloupe. Cela se poursuit quatre ans plus tard lorsque sur "Fleury Michon VIII" Philippe Poupon améliore le record de quatre jours grâce notamment à sa judicieuse lecture des cartes. Mais en cette édition 1986, un nouveau drame endeuille la course.

Loïc Caradec et "Royale"

Loïc Caradec qui a 38 ans avait décidé, à l’issue de la transat, de mettre un terme à sa carrière de skipper, disparaît en mer le 14 novembre avec son maxi catamaran rouge et blanc "Royale". C’est Florence Arthaud qui arrive la première sur le lieu du chavirage. Mais elle ne découvre qu’une coque retournée. Presque huit ans, jour pour jour, après la disparition d’Alain Colas, l'océan Atlantique laisse un nouveau mystère et des interrogations. 

Cette même Florence Arthaud s’illustrera avec brio à l’entame de la décennie 90. À 33 ans et pour sa troisième participation, celle que tout le monde surnomme "la petite fiancée de l’Atlantique", celle qui a connu un immense succès médiatique grâce à son tube en duo avec Pierre Bachelet, coupe en vainqueur la ligne d’arrivée sur "Pierre 1er". Elle bat aussi le record de Poupon de près de cinq heures

Le record pour Lionel Lemonchois

Les deux éditions suivantes seront remportées par le même homme, le Suisse Laurent Bourgnon et son "Primagaz" qui porte le record à 12 jours 8h 41min 6 sec, un record qui tiendra jusqu’à la 8e édition puisqu’en 2006, Michel Desjoyeaux vainqueur sur "Géant" et dans une édition marquée par l'abandon de 15 multicoques, met un peu plus de 13 jours pour rallier la Guadeloupe

Le record avec un grand "R" est établi le 6 novembre 2006 lorsque "Gitana 11" barré par Lionel Lemonchois frappe un grand coup et prouve que ces multicoques de haute technologie sont de véritables bolides flottants puisque le Normand rallie l’arrivée en 7 jours 17 h 19 min 06 s à 19,11 nœuds de moyenne (35,39 km). Une record qui tient toujours puisqu’en 2010 Franck Cammas à bord du trimaran "Groupama 3" et pourtant lui aussi auteur d’un véritable exploit, l’emporte en 9 jours, 3 heures, 14 minutes et 47 secondes de course avec une moyenne de 16,14 nœuds.

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