Dans ce cimetière de la banlieue de Mexico, Véronica dépose des fleurs sur la petite tombe et lance un "coucou petite", comme si elle l'avait toujours connue. Véronica Villalvazo, une militante de 47 ans, a appris la mort de Lupita dans les pages des faits divers. Elle les consulte tous les jours pour réunir des informations sur les féminicides - meurtre d'une femme motivé par le fait qu'elle est une femme. Le Mexique recense 7,5 affaires de ce type quotidiennes, selon les chiffres de l'ONU et du gouvernement.
Le corps de la fillette a été retrouvé en mars 2017, couvert d'hématomes et portant des traces de sévices sexuels, dans l'État de Mexico, jouxtant la capitale. Ce n'est qu'en décembre que la mère et le beau-père ont été arrêtés et accusés de féminicide. Ce cas est emblématique de la vague de meurtres de femmes qui sont en hausse depuis 2016 dans ce pays, selon l'ONU.
En 2016, on comptait au Mexique 2.746 féminicides, contre 2324 en 2015. Les chiffres officiels de 2017 ne sont pas encore disponibles mais María Salguero, autre militante, en a comptabilisés de son côté 1966.
Véronica Villalvazo a tout fait pour que Lupita retrouve son identité et cesse d être un numéro de plus sur une liste. "On savait seulement (qu'elle portait) un haut vert clair et des petites chaussettes rouges", raconte cette femmes à l'AFP. Durant tout le temps où elle n'a pas été identifié, elle est devenue pour les Mexicains "la fillettes aux chaussettes rouges".
La militante demande alors aux autorités de l'État de Mexico une photo de la petite fille. Silence complet. Une source fini par lui donner un cliché. C'était le premier pas pour retrouver son identité et les responsables.
Au Mexique, tu peux assassiner une femme, il ne t'arrivera absolument rien
Véronica Villalvazo, militante mexicaine
"Le silence des autorités (...) veut dire nous, on s'en fiche, on ne va rien faire", explique l'activiste. "Au Mexique, il ne se passe rien, tu peux assassiner une femme, une petite fille, la violer, la mordre, la torturer, la kidnapper et il ne t'arrivera absolument rien car les autorités n'enquêtent pas, ça ne les intéresse pas", ajoute-t-elle. Les autorités de l'État de Mexico, qui ont enterré la fillette dans un cimetière accompagné d'une pierre tombale où il est écrit "petit ange", n'étaient pas disponibles pour répondre à l'AFP.
Durant des mois, personne n'a su qui était "la fille aux chaussettes rouges". Jusqu'à ce qu'en novembre dernier, des sœurs de la mère, ont contacté la militante. Elles avaient vu l'affaire et pensaient qu'il s'agissait de Lupita, qu'elles n'avaient pas vue depuis des mois. "La petite ne méritait pas ça. Elle avait beaucoup d'endroits où être bien", déclare Marina Concepción Medina, 39 ans.
Durant sa courte vie, la fillette n'avait connu que des abus et des abandons. Faute d'avoir été reconnue, elle n'avait pas de nom de famille et a été trimbalée de maison en maison. À plusieurs reprises, Marina et sa sœur Luz Maria, 33 ans, ont demandé la garde de Lupita en voyant les marques et les traces de coups sur son corps. En vain.
Ce mercredi, lors d'une conférence de presse, Villalvazo a présenté avec les familles les images de celle qui a cessé d'être "la fillette aux chaussettes rouges" pour devenir Lupita.
Bien que le pays soit doté d'une loi pour prévenir et mettre fin aux violences faites aux femmes, impunité et violence continuent d'être très présents. Plus de 90% des crimes au Mexique restent impunis.
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