Noël 2016 : Fazil Say, Lucas Debargue, Hélène Tysman... trois albums de piano à offrir

Comme chaque année, l’actualité du disque est dense avant les fêtes de fin d’année. Baladons-nous au rayon musique classique. Coup de projecteur sur 3 coups de cœur, 3 albums de piano. On commence par celui du pianiste turc Fazil Say. Il interprète l’intégrale des sonates de Mozart dans un coffret de 6 albums d’une force expressive rare. Avec parfois des chuchotements ou des petits éclats de voix, comme dans cette sonate 14 en ut mineur. C’est lui, qui a été condamné en 2013 pour insultes à l’Islam, mais la peine a été levée sous la pression occidentale.

Aujourd’hui, il ne veut plus évoquer la religion, pour se concentrer sur son art. Voilà un homme de 46 ans, animal dans sa façon d’aborder le clavier. Également compositeur, il crée des œuvres hommage à Turquie, d’un lyrisme incroyable. Et ce coffret Mozart est lui aussi tout en poésie. Il dit d’ailleurs que les sentiments ressentis lors de cet enregistrement comptent parmi les plus forts qu’il ait vécus. Il a tenu à avoir un jeu le plus naturel possible. D’ailleurs, pour un pianiste né à Ankara. Quoi de plus logique que de jouer la marche Turque en y ajoutant un peu plus de notes orientalisantes.

Lucas Debargue et Hélène Tysman

Autre pointure, un jeune prodige dont tout le monde parle et qui pourrait bien être sacré soliste instrumental de l’année lors des Victoires du Classique dans 2 mois : Lucas Debargue, 26 ans, révélé au public l’an dernier après avoir terminé 4e du très convoité concours Tchaïkovski à Moscou.  La sonate n.7 en ré majeur de Beethoven. La personnalité très affirmée de Lucas Debargue. D’une grande maturité, il parle vite, les idées fusent, il y a comme une urgence à jouer chez lui, mais face au piano, jamais d’empressement, je jeune homme est toujours juste, ressent à la perfection les notes tantôt tourmentées, tantôt apaisées, un jeu rigoureux et incarné. À retrouver sur son album Bach/Beethoven/Medtner chez Sony, premier album studio !

On termine par un album Ravel ! Sous les doigts d’une pianiste de 34 ans : Hélène Tysman.  Lauréate d’un prix lors du prestigieux concours Chopin de Varsovie en 2010… Brillante dans son interprétation de la musique du compositeur basque… Elle aborde avec beaucoup de sensibilité cette musique de l’intime. Saviez-vous que Stravinsky surnommait Ravel "l’horloger suisse", un surnom qui lui est resté pour toujours. Ravel, Des Antiques aux démons, album de très belle facture, signé Hélène Tysman, chez un nouveau label : Klarthe.