Qui dit rentrée télé, dit conférences de rentrée, organisées par des chaînes ayant rarement le souci de la synthèse. Si ces rendez-vous saisonniers sont moins nombreux qu'autrefois, ils le sont encore suffisamment pour perturber l'emploi du temps d'un spécialiste des médias lambda. D'où, hélas, la difficulté pour moi de communiquer avec vous ces jours derniers. Vous, dont l'avis m'importe tant.
Mais aujourd'hui, il y a urgence. Il me faut en effet évoquer les "J.O.": "J.O." comme "Jeux Olympiques". Comme "Joyeux Organisateurs", comme "Jours Ouvrables". Oui, tous ces jours de travail qu'il faudra multiplier pour que la fête soit plus folle dans sept ans. Et si je reprends ce terme de "fête", c'est à force d'entendre notre délégation répéter depuis jeudi dernier que "nous allons désormais tous faire la fête". La fête ou la tête ? À eux l'intention de faire la fête. À moi celle de faire la tête.
Pour Teddy Riner et Tony Estanguet, les Jeux sont une promesse d'union nationale.
Isabelle Morini-Bosc
Entendons-nous bien, regarder des athlètes hors normes accomplir des exploits qui le sont autant, j'apprécie. J'ai ainsi une admiration sans bornes pour notre monsieur J.O., le champion de canoë Tony Estanguet (l'autre président de 39 ans, mais lui fait paradoxalement moins de vagues). Même passion pour Teddy Riner, que j'aime comme on adore son doudou. Un gigantesque doudou je vous l'accorde, mais un doudou tout de même : rassurant et protecteur juste ce qu'il faut.
Et comme ces deux-là sont des purs, ils ont forcément une vision tout aussi pure dans la rétine. Les Jeux, pour eux, c'est une promesse d'union nationale, et de liesse plus que de liasses. Avec, en plus, des centaines des milliards de regards rivés sur la France. Allez-vous étonner que C8 ait dégainé la première vendredi dernier en retransmettant le concert destiné à fêter l'obtention des jeux. Si j'étais patron de chaîne, je ferais ce que font les nôtres, de directeurs : je me mettrais sur la ligne de départ pour les droits de retransmission.
Mais comme eux également, je regarderais le dossier avant de regarder les dossards. France Télévisions veut par exemple les jeux, mais pas à n'importe quel prix. On comprend. On comprend d'autant plus que le groupe américain Discovery (détenteur des droits de retransmission 2022 et 2024), semble justement disposé à exiger n'importe quel prix. Ce qui devrait rendre inévitable la vente à la découpe : tel sport pour l'un, telles épreuves pour l'autre, soit une "entente cordiale" qui devrait permettre à tous de marquer des points, d'audience, évidemment.
Pourquoi, dès lors, ai-je autant envie de voir et d'avoir les jeux à Paris, que de marcher sur du fil-de-fer barbelé au-dessus des Chutes du Niagara ? Pourquoi ? D'abord parce que je supporte mal l'autosatisfaction d'Anne Hidalgo. Non seulement notre très autoritaire Dame de Paris n'a pas dépollué la capitale, mais elle a au contraire aggravé l'engorgement ambiant, en imposant de fausses bonnes idées pseudo-écolos comme la fermeture des voies sur berge. Et que dire des chantiers lépreux engagés partout, qui sont autant de plaies béantes pas toujours nécessaires ?
J'ai peur de ces élus qui affirment agir pour le bien de tous alors qu'ils privilégient les intérêts de quelques-uns.
Isabelle Morini-Bosc
On a donc, deuxième sujet qui fâche, le droit de s'interroger sur ces projets immobiliers permettant de redouter d'éventuels petits arrangements entre amis, et une mise à mal accrue du patrimoine architectural de la capitale. Sans parler bien sûr du nouveau tribut à payer pour les arbres. J'avoue en effet avoir peur de ces élus qui affirment agir pour le bien de tous alors qu'ils privilégient trop souvent les intérêts de quelques-uns.
Et puis, troisième motif d'agacement, comment laisser dire que les JO vont médiatiser Paris? C'est bien de fêter le "retour symbolique aux sources de l'olympisme", les premiers jeux modernes ayant eu lieu à Paris en 1924, mais est-ce une raison pour oublier que Paris est déjà la première destination touristique au monde ?
Et cessons, enfin, d'utiliser des expressions comme "la France entière vibre déjà pour les jeux à Paris". Il ne s'agit pas de la France entière puisque moi, je ne vibre pas. Et toute la France moins un élément, on est d'accord que ce n'est déjà plus la "France entière".
On peut en revanche se réjouir des nombreuses installations qui vont devoir être construites pour les handicapés, Jeux Paralympiques obligent, mais c'est pour mieux constater le peu d'empressement que l'on a manifesté jusqu'à présent pour leur faciliter le quotidien. Il est effectivement temps que, pour eux, tout roule enfin.
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