Isabelle Morini-Bosc : "Le 12 avril, une date fatidique"

ÉDITO - Le 12 avril 1992 marquait la fin de "La Cinq", une chaîne où le non-respect des lois était "absolu".

Isabelle Morini-Bosc

Honte sur moi, nous sommes le 13 avril et j'ai failli oublier l'anniversaire du 12...Allons voyons, 12 avril 1992...Une date fatidique! Mais pourquoi diable personne ne pense-t-il jamais à commémorer sinon fêter cette date ? Il se célèbre tout de même, ce 12 avril. Comment, cela ne vous dit rien ? cela ne vous interpelle pas ? Cela ne provoque rien en vous ? Rien chez ceux qui avaient 10,12,15, 20 ans et au-delà à cette époque ?

Aucune résonance non plus du côté des étudiants "dépiautant" l'histoire des médias comme une pythie lisait dans les entrailles des poulets ? Il faut dire que les fins lettrés ont tout bonnement oublié "mon événement" en recensant ceux survenus un 12 avril. Récapitulons : qu'ils aient noté la mise à sac de Constantinople par nos Croisés un 12 avril 1204, je peux comprendre. A force de s'entendre (déjà) dire d'aller se faire voir chez les grecs, ils ont fini par les massacrer dans la capitale de l'Empire byzantin. Logique aussi d'avoir souligné qu'un autre 12 avril, 1229 cette fois, le comte de Toulouse faisait enfin ami-ami avec son rival Saint-Louis, qui rendait alors la justice sous un chêne alors que d'autres la rendaient déjà comme des glands !

12 avril 1992, le fin de "La Cinq"

Je reconnais bien volontiers que d'autres 12 avril sont aussi dignes d'intérêt. Celui de 1805, tiens, lorsque Napoléon découvre à Lyon une nouvelle machine, le métier à tisser. Pour quelqu'un qui tissait effectivement sa légende, voilà qui allait...de "soie". Et que dire du 12 avril 1919, avec l'arrestation du tueur en série Landru, qui brûlait prétendument de déclarer sa flamme à des célibataires se consumant pour lui. Ou encore du 12 avril 1961 avec Gagarine, l'homme-tournant-en-rond, mais tout de même autour de la terre. On passera sous silence la mort de Roosevelt un 12 avril 1945 pour revenir, donc, à notre 12 avril qui devrait lui aussi figurer dans la liste des événements mémorables de cette date.

Le non respect des lois était absolu et pourtant, je l'ai aimée cette chaîne

Isabelle Morini-Bosc

Et oui, en vérité je vous le dis, le 12 avril 1992 mourait La Cinq, cette chaîne voulue et lancée de façon arbitraire par le président François Mitterand qui l'avait apportée sur un plateau (de télé) à l'italien Berlusconi. Le non respect des lois était absolu et pourtant, je l'ai aimée cette chaîne ! Elle a fait découvrir que le vide pouvait être fascinant (la sitcom "Voisins voisines") ou juste ennuyeux (la Guerre du Golfe façon désert des tartares). Elle m'a fait aimer des séries prodigieuses (L'Enfer du devoir, sur la guerre du Vietnam), le meilleur des sitcoms américaines, les variétés kitsch à souhait, les journaux nerveux, le magazine "Face-à-France".

C'est dire si j'ai été triste quand, le 12 avril 1992, toute l'équipe réunie autour du présentateur Jean-Claude Bourret a fait le décompte 10,9,8, 7, aboutissant à zéro et à l'écran noir. Cette violence de l'écran noir Il y a pensé, Jean-Claude Bourret, à cet anniversaire, quand il est venu sur le plateau des Grosses têtes pour évoquer la bête du Gévaudan. Elle aussi mise à mort. J'ai ensuite découvert M6, qui m'a autant apporté et continue à le faire mais apprécié (ou pas) ce qui est ne devrait pas empêché de célébrer ce qui a été. Et si vous partagez cet hommage, je le recevrai 5 sur 5 !

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