Isabelle Morini-Bosc : " Accusé pâtit d'un fond musical qui vrille les nerfs"

"Accusé, levez-vous" ! C'est très exactement ce que j'ai envie de dire aux producteurs de nombreuses bonnes fictions françaises. De celles que notre télévision exporte, dont elle est fière et qu'elle met en vitrine dans les marchés où les chaines du monde entier viennent vendre leurs programmes.

Et pourtant, même pour ces œuvres de qualité, les équipes sont atteintes d'une manie coupable. Oui, elles se livrent à une pratique répréhensible qu'il faudrait sanctionner : le trop grand usage de la musique dans leurs créations, téléfilms ou feuilletons.

Ce début de débat à haut débit vous semble dérisoire? Allez donc dire ça aux nombreux téléspectateurs qui contactent les chaines (ou moi-même) pour se plaindre de l"inaudibilité" de dialogues rendus difficilement compréhensibles pour cause de "caviardage musical". Et cela me met moi-aussi dans de si mauvaises dispositions qu'il n' y a pas loin des double-croches aux anicroches !

La musique ne doit pas renforcer les effets dramatique

Prenons opportunément (tu parles !) le cas d'Accusé, diffusé ce soir sur France 2. Dans chacun des 6 cas de cette série intéressante adaptée (de façon édulcorée) du format anglais Accused, on suit un "monsieur ou madame tout le monde" devenu un accusé (vous en découvrirez ce soir les raisons). Et c'est quasiment "farce" que chaque épisode débute "au violon", avec une porte de cellule s'ouvrant devant un prévenu à qui on passe les menottes pour le conduire au tribunal.

Or Accusé pâtit précisément d'un fond musical omniprésent qui vrille les nerfs. La musique ne doit pas être détournée, réquisitionnée, pour renforcer les effets dramatiques de l'intrigue. Une fois ça va trois fois bonjour les dégâts. Il faut le marteler : quand la musique ponctue ça rend bien, quand elle pollue ça rend rien. En tout cas rien de bien.