VIDÉOS - Un Youtubeur britannique veut montrer une image "positive" de la Corée du Nord
Louis Cole, célèbre vloggeur britannique, s'est envolé pour le pays le plus coupé du monde, et n'a pas eu grand chose à redire sur la dictature de Kim Jong-un, il a tenu par la suite à s'expliquer.
Naïveté ? Entente préalable avec les autorités nord-coréennes ? Le Youtubeur star Louis Cole subit les foudres de nombreux internautes après son voyage en Corée du Nord. Le Britannique aux 1,8 million d'abonnés a publié une série de vidéos racontant son expérience dans ce pays ostracisé, sous le joug du leader communiste Kim Jong-un. Sans épiloguer sur le cadre très strict imposé par Pyongyang, le jeune homme de 33 ans donne à voir un pays où il est possible de s'amuser et de passer de bonnes vacances, entre visite de la bibliothèque nationale et après-midi à la plage, dans une ambiance bon enfant.
Lui-même le dit, Louis Cole a voulu "se concentrer sur les aspects positifs du pays, loin de l'image purement négative véhiculée par les médias" sur sa chaîne. Dans certaines vidéos, on en oublie presque qu'il se trouve dans l'une des pires dictatures au monde. Barbecue sur la plage, cours de surf, après-midi au parc aquatique, sessions de skate avec des enfants, tout les ingrédients d'un séjour réussi sont là. À quelques détails près ... quand les jeunes Occidentaux arrivent dans leur "résidence de vacances", l'eau courante ne fonctionne plus. L'eau potable est donc stockée dans la baignoire, et l'eau chaude dans une grande poubelle en plastique rouge.
Suite à la polémique suscitée par ce voyage, il a tenu à se défendre en vidéo. Il a expliqué être au courant de la situation dans le pays et être "contre l'idéologie nord-coréenne", mais a tenu à ne montrer que ce qu'il a vu, c'est à dire ce que les autorités ont bien voulu montrer à son groupe de touristes.
Un contexte politique éludé
Quand lui et son groupe de touristes se voient quasi-obligés d'applaudir un vétéran ayant participé au torpillage d'un navire américain, il est hilare et s'amuse de ce "renversement de perspective". Il va même jusqu'à faire une farce à leur guide, une militaire nord-coréenne anglophone, pour la faire sursauter. Comme si tout allait bien. Quelques commentaires politiques se retrouvent épars, ça et là. Notamment quand lui et son acolyte se retrouvent près de la plage à dispenser des leçons de skateboard aux locaux. Les deux jeunes hommes essaient tant bien que mal d'offrir des planches aux jeunes garçons, mais ceux-ci refusent, visiblement craintifs. L'explication de Louis Cole ? Leur culture communiste est très communautaire, il est donc mal vu de posséder quelque chose et les Nord-Coréens refusent donc généralement les cadeaux.
Comment passer autant de temps à documenter et filmer ce pays sans évoquer ne serait-ce qu'un minimum le contexte politique ? Le jeune homme se contente de donner des conseils aux personnes qui voudraient, comme lui, visiter ce mystérieux pays. Conscient des pratiques très restrictives des autorités à l'encontre des touristes, il a acheté un ordinateur et un smartphone neuf pour éviter de se les faire confisquer en arrivant. Il est en effet interdit d'introduire sur le territoire tout document considéré par Pyongyang comme de la "propagande anti-Corée du Nord". La torture, les camps de travail et la famine subis par les Coréens ne sont eux pas au programme de ses petites émissions.
Un Youtubeur complaisant "acheté" par Pyongyang ?
Les doutes sur "l'indépendance" de Louis Cole viennent du fait qu'il ait pu filmer de façon inédite certains aspects de la société nord-coréenne en tant que touriste. Lui et son groupe ont notamment visité une école, chose exclue des circuits touristiques traditionnels qui empêchent tout contact avec la population locale. Les enfants ont même joué de la musique pour eux. Ces "privilèges" additionnés au ton particulièrement clément des vidéos vis-à-vis du pouvoir sèment le doute sur la marge de manœuvre éditoriale que lui ont laissé les autorités.
Cette pression supposée sera peut-être éclairée dans une vidéo spéciale, quand sa série sur la Corée du Nord sera terminée. En attendant, ces documents restent intéressants : ils montrent la place que prend progressivement le tourisme dans ce pays coupé du monde. De nouveaux circuits s'ouvrent et les interactions avec les locaux semblent plus faciles.
Cet apaisement est probablement une façon de rassurer les touristes, certainement anxieux après la condamnation à 15 ans de prison de l'un d'entre eux, accusé d'avoir volé un poster dans un hôtel de Pyongyang. Parce qu'inexploré, le pays attire la curiosité des voyageurs. Ils arrivent en avion depuis la Chine et doivent rester dans les clous d'un gouvernement qui veut véhiculer une certaine image, avec ou sans l'aide des Youtubeurs.
