2018 commence très fort dans les cinémas avec la sortie d'un long-métrage coup de poing : 3 Billboards : les panneaux de la vengeance. Vous avez peut-être entendu parler de ce film pour ses nombreuses récompenses et nominations : Prix Orsella du meilleur scénario à la Mostra de Venise, Prix du public à Toronto et La Roche-sur-Yon et quatre Golden Globes parmi les plus prestigieux (Meilleur film dramatique, Meilleure actrice dans un film dramatique pour Frances McDormand, Meilleur acteur dans un second rôle pour Sam Rockwell, Meilleur scénario).
L'idée du film est venue à l'esprit de Martin McDonagh (Six Shooter, Bons baisers de Bruges) alors que le réalisateur observait des panneaux au bord d'une route "au croisement entre la Géorgie, la Floride et l’Alabama". Ces affiches évoquaient des crimes non résolus et la colère qu'ils dégageaient a servi de muse au réalisateur.
Il a donc imaginé l'histoire d'une mère de famille, Mildred Hayes, qui installerait des panneaux pour alerter la police, les médias et la communauté toute entière afin que le violeur et meurtrier de sa fille soit enfin arrêté. En rédigeant son script, il pensait déjà à Frances McDormand (vue dans les excellents films des frères Coen) pour jouer cette femme enragée et dévastée. Si cette dernière se voyait plutôt jouer une grand-mère, elle finira par être convaincue par son mari et le réalisateur d'accepter le rôle tel qu'il était. Et quel rôle !
3 Billboards est un film qui se concentre sur ses personnages. Tous caricaturaux, extrêmes et fondamentalement humains dans leur aptitude à faire de mauvais choix et commettre quelques miracles. Physiquement et émotionnellement, ils crèvent l'écran et composent un petit théâtre de l'Amérique profonde perdue au fond du Missouri. Aucun n'est oublié et tous servent l'intrigue avec efficacité. Ils servent un script percutant et ciselé.
Mildred Hayes (Frances McDormand) est à des années-lumière de la mère de victime que le cinéma à l'habitude de dépeindre. Profondément têtue, n'hésitant pas à faire preuve de violence, courageuse, jamais résignée... Son deuil est un carburant acide terrible et jouissif. En opposition, on retrouve Bill Willoughby (Woody Harrelson ; Tueurs nés, Hunger Games, True Detective), le chef de la police en charge de l'enquête qui piétine.
Franc, drôle, intègre et bienveillant, il est le seul policier de la ville à ne pas être un raciste intellectuellement limité. Jason Dixon (Sam Rockwell) est quant à lui le pire agent des forces de l'ordre que l'on pourrait imaginer. Son fait d'arme au début du film : la torture de suspects afro-américains. Anti-noir, anti-gay, anti-roux... il terrifie autant qu'il provoque le rire et une certaine tendresse après une bonne partie du film.
Ces trois personnages principaux subiront tous une métamorphose au fil du film, une forme de rédemption qui ne manquera pas de surprendre ou tirer quelques larmes aux spectateurs. Pour les accompagner, toute une galerie de personnages viennent compléter ce puzzle : le publicitaire roux, le fils harcelé, le prêtre moralisateur, la meilleure amie, le nain prince charmant, l'ex-mari violent et sa très jeune petite amie naïve, le dentiste obèse, la reporter insupportable. Des petites caricatures, immédiatement identifiables, qui font tout le sel du film.
La maîtrise du rythme est sans doute l'autre qualité de 3 Billboards. Un bon film est souvent celui qui arrive à arracher quelques larmes, à faire rire franchement ou à intriguer sur la longueur. 3 Billboards coche ces trois cases.
Nombreuses sont les séquences qui font s'enchaîner bons mots et scènes déchirantes. Les éclats de rire sont souvent tués dans la minute mais la tristesse ou la sidération cèdent tout aussi rapidement devant une nouvelle plaisanterie noire. Une dispute entre les membres de la famille Hayes en plein petit déjeuner peut illustrer ce rythme. Une scène, destinée à montrer la colère d'un couple brisé par les violences conjugales et la perte d'une fille, est immédiatement stoppée par l'intrusion comique de la nouvelle petite amie du père. D'une blague sur des céréales, on passe par de la violence et un couteau porté à la gorge... afin de retomber sur une nouvelle plaisanterie. Efficace et entêtant.
Quelques scènes-clefs laissent la place à une seule émotion naturellement. 3 Billboards n'est pas une comédie, c'est un drame et un thriller, capable d'humour certes, mais un drame tout de même. Une série de lettres d'adieu, un flash-back cruel, un "Robbie !" déchirant crié dans la nuit ou la fin ouverte sont autant de moments qui ne manqueront pas de fendre le cœur des spectateurs.
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