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Le livre résiste aux modes et à l'informatique
ÉDITO - Le 37e Salon du Livre ouvre ces portes ce vendredi 24 mars à Paris. On annonce depuis des années la mort de l'imprimé. Il n'en est rien.
L'avis de décès de l'édition est à l'évidence prématuré. À l'examen, on peut même dire que sa nécrologie est loin d’être sous presse. Le chiffre d'affaires global de l'édition française dépasse 4 milliards d'euros, avec un fort développement des livres de poche et des perspectives de développement qui restent dynamique. L’économie du livre est l’un des rares secteurs d’activité où la clientèle potentielle est aussi massive : 85% des Français se considèrent comme des lecteurs. Le Grand Prix du Livre RTL 2016 a rencontré plus de 300.000 acheteurs, et plusieurs fois ce nombre en lecteurs.
La concurrence du livre numérique ne va-t-elle pas finir par se faire sentir ? Tout indique au contraire que cette option se retrouve dans la même corbeille que la théorie du "bureau sans papier" des années 80. Une étude américaine montre que la digitalisation a, dans les faits, entraîné une explosion de 40% de la consommation de papier. Le texte papier reste incontournable quand il s’agit d'ordonner nos pensées.
Les chiffres confortent cette analyse. Outre-Atlantique, les ventes de livres ont augmenté de 6% l’an dernier, et les créations de librairies, de 22%. En France, on constate que l'édition numérique ne représente toujours que 3,5% du chiffre d'affaires global de l'édition hexagonale.
Pour bien comprendre les poids respectifs de ces deux formes d'édition, il suffit de savoir que les seules ventes de livres de poche pèsent aujourd'hui deux fois plus lourd dans l’activité des éditeurs que les éditons numériques. Cela dit, la digitalisation finira par émerger tout simplement parce que la technologie permet de réunir le meilleur des deux univers.
L'EMb, l'avenir de l'édition ?
Comment marier Gutenberg et le Digital ? Grâce à l'Expresso Machine Book (EMB). Cet outil permet, dans des conditions économiques rationnelles, l'impression à la demande de titres récents mais déjà épuisés, de bouquins rares ou anciens à des prix normaux, mais aussi l’édition d’auteurs peu ou pas connus. Ce sera certainement une composante importante de l'avenir de l'édition : on vend le livre avant de l'imprimer, et non plus l'inverse. Cela signifie la fin des coûts d'impression à l’aveugle, de transport et de stockage.
Dès que le frein du prix de l'EMB sera levé (150.000 euros) et le catalogue disponible en français (5.000 titres seulement) enrichi, le rôle des libraires et l'émergence de jeunes maisons d'édition en seront révolutionné. Les PUF ont lancé le mouvement en France. C'est prometteur.
La note du jour
05/20 à nos 577 députés. Durant cette législature ils ont déposé 250.000 amendements, alors que le gouvernement n'a pu prendre que 770 mesures de simplification.
