Procès Carlton : "Nous, les filles, on était le dessert", raconte Jade, ex-prostituée

L'une des quatre anciennes prostituées constituées parties civiles dans l'affaire du Carlton s'est exprimée pour la première fois à la barre mardi. Elle raconte comment elle a été amenée à travailler pour René Kojfer, l'ex-chargé des relations publiques du Carlton, au cœur du dossier.

Jade, ancienne prostituée, a livré un témoignage émouvant au deuxième jour du procès du Carlton

Crédit : AFP

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C'est le premier témoignage de l'intérieur. En évoquant ce passé dont, dit-elle, elle est sortie depuis plusieurs années, "Jade" pleure. Elle sanglote. Blonde, les cheveux coupés au carré, des lunettes, une écharpe, cette banale mère de famille de 41 ans a exprimé toute sa colère à la barre mardi 3 février, au deuxième jour du procès.

Tombée dans la prostitution par nécessité

Ce passé, ces années Carlton, "Je ne les ai pas voulues", dit-elle. "Jade", son surnom dans le milieu, est tombée dans la prostitution après son divorce. Un jour, elle a ouvert son frigo, il était vide. De peur que les services sociaux ne lui enlèvent ces enfants, elle répond à une annonce. S'en suit une première passe avec un chauffeur routier. Elle pleure : "J'étais morte de trouille".

Puis il y aura les clubs de Dodo La Saumure, en Belgique. Notamment le "Madame", une cave froide et souvent inondée. Alors quand son ami René Kojfer, alors chargé des relations publiques de l'hôtel du Carlton, à Lille, lui propose des après-midi dans un bel appartement dépendant du Carlton dans le centre-ville lillois, elle est heureuse. "C'était une récréation", dit-elle.

Champagne, pain garni...et les filles en dessert

À l'appartement, avec deux autres filles du "Madame", elle rencontre les patrons du Carlton et d'autres clients. Il y avait là le propriétaire, Hervé Franchois, le gérant, Francis Henrion et René Kojfer. Mais aussi du champagne et du pain garni. "Nous les filles, on était le dessert", avoue-t-elle.

La passe était rémunérée 200 euros en moyenne, 120 seulement une fois. "Les temps sont durs", lui dit alors l'entremetteur René Kojfer qui lui offre tout de même un peignoir.

Un peu plus tard, il y aura les soirées avec DSK, le voyage à Washington. C'est elle qui pose avec l'ancien candidat à la présidentielle dans son bureau du FMI. Aujourd'hui, "Jade" est en colère, car, dit-elle, "On ne peut pas tout acheter".

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