Ce sont deux petits villages de Côte d'Or, qui, il y a 4 ans étaient deux symboles. À ma droite Faverolles-Lès-Lucey avait voté Nicolas Sarkozy à 100%. À ma gauche, Villiers-en-Morvan avait voté François Hollande à 84%. À un an de la présidentielle, c'est le journal le Bien Public qui a eu l'idée de retourner dans ces deux villages "pour savoir ce qu'il restait de l'opposition politique de l'époque". Eh bien, quatre ans plus tard, les deux villages diamétralement opposés politiquement, ont fini par avoir les mêmes idées, les mêmes doutes,le même rejet de la classe politique.
Dans le village Sarkozy, hormis quelques irréductibles, la plupart des habitants se disent que ce ne sera pas lui le meilleur candidat pour la droite, mais surtout la plupart ne cachent pas être " dégoûtés et écœurés" par la politique et les hommes qui l'incarnent. "Je ne sais même si je vais aller voter", dit l'un, "il faut abandonner tout le système actuel et tout remettre à plat", dit un autre qui n'exclut pas "d'essayer le FN" l'an prochain.
Dans le village Hollande, même son de cloche. "Le problème", dit Alain, "ce n’est pas Hollande ou un autre, c'est que toutes les promesses qui sont faites pendant la campagne sont très belles et séduisantes, mais qu'elles ne sont ensuite jamais tenues". Louis, 75 ans, se demande aussi s'il va aller voter l'an prochain : "je ne crois plus tellement en la politique". Un désarroi que tente d'analyser le maire sans étiquette du village. "Les gens ne comprennent plus rien, et ne savent plus où ils en sont politiquement". Faverolles-Lès-Lucey, Villiers-en-Morvan comme un miroir de la France ce 17 mai.
Mardi noir, semaine à haut risque, sous haute tension. "Ça passe ou ça casse", "baril de poudre", voilà les mots qui reviennent le plus souvent dans la presse ce matin pour parler des manifestations et des grèves prévues à partir d'aujourd'hui contre le projet de loi travail. "La France bouillonne de mille feux dont chaque étincelle est susceptible d'embraser le pays", alerte l'Alsace. La presse toute entière met aussi en garde les syndicats qui devront veiller à ce que les rassemblement ne dégénèrent pas pour éviter de décrédibiliser le mouvement.
Et puis il y a cette question posée dans le Figaro par Paul Henri du Limbert comme un écho aux propos des habitants des deux villages de Cote d'Or. "Qu'aurait dit François Hollande si, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une partie de l'UMP s'était révoltée contre le chef de l'État, et si, au même moment, la CGT et FO avaient lancé une offensive tous azimuts contre l'exécutif ? Il aurait probablement convoqué la presse pour disserter gravement sur l'impasse politique dans laquelle se trouve le président.
Avis à tous les prétendants à la présidentielle : promettre tout et son contraire, c'est allumer une mèche qui un jour ou l'autre vous explose au visage. Un peu plus loin dans Le Figaro, lire aussi la tribune de l'historien François Kerdaudy qui décrypte la faiblesse du gouvernement actuel, qui conduit à nourrir les violences actuelles. Il se demande si l'histoire va être aussi sévère avec François Hollande que Charles de Gaulle ne l'avait été Albert Lebrun, le président français de 1932 à 1940, dont il avait dit : "Comme chef d'État, deux choses seulement lui avaient manqué : qu'il fut un chef, qu'il y eut un état".
Avec un témoignage glaçant, mais qu'il faut lire dans Libération. Celui d'un ancien inspecteur vétérinaire qui a travaillé plus de douze ans au contrôle des abattoirs avant de démissionner, écœuré, il y a 3 ans. Alors certains passages sur la mise à mort et la saignée sont insoutenables. On ne les citera pas, lisez-les si le cœur vous en dit, et s'il est bien accroché. Mais ce que raconte Martial, c'est ce qui se passe en fait dans tous les abattoirs de France, les petits comme les grands, des abattoirs, où on ne laisse pas à l'animal le temps de mourir avant de le découper ; où on lui inflige d'ultimes blessures pour soi-disant l'anesthésier, alors qu'en fait on ne fait que l'immobiliser, mais l'animal reste sensible à la douleur. Et gare à celui qui pourrait s'en émouvoir : dans les abattoirs que Martial a visités, les employés qui n'ont pas le cœur à assommer les bêtes sont vite montrés du doigt. On se moque de leur sensiblerie : "Hey ! Tu croyais quoi, ce n’est pas les bisounours ici !"
Libération demande à Martial "qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant ces années de travail ?" Martial répond : "Les agneaux. Avant d'être abattus, quand ils sont parqués, ils pleurent comme des bébés. On se croirait dans une crèche, et quand on s'approche d'eux, ils veulent téter nos doigts parce qu'ils ont faim". Alors pour expliquer la souffrance animale, Martial parle des cadences infernales, mais pas seulement, en 20 ans les conditions de travail se sont nettement améliorées, les étapes sont mécanisées, les salariés mieux protégés. On a pensé à tout sauf aux animaux." "Mais, dit-il, ni les éleveurs ni les consommateurs ne veulent voir l'horreur, et au final nous sommes tous complices de cette barbarie." Ce n'est pas un témoignage pour choisir entre devenir végétarien ou rester carnivore, c'est un témoignage pour se demander comment se fait-il qu'en 2016 on ne soit toujours pas capable de tuer des animaux sans les faire souffrir.
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