Avec plus de deux millions et demi de Français contaminés depuis le début de l'hiver, la grippe 2015 est l'une des plus virulentes en France. Pire, même si le pic épidémique a été franchi, le nombre total de personnes malades pourrait atteindre les cinq millions et le virus causer jusqu'à 7.000 décès.
La principale raison d'une telle propagation de la maladie, c'est que le vaccin conçu cette année par l'Organisation mondiale de la Santé se révèle inefficace. Chaque année, plusieurs souches différentes du virus sont détectées, et au mois de février, l'institution identifie les trois les plus à même de se propager une fois l'hiver venu pour élaborer le vaccin qui sera diffusé dans le monde entier l'année suivante.
En février 2014, parmi les différentes grippes et syndromes grippaux, trois souches ont ainsi été traitées et utilisée pour concocter le vaccin proposé cette année, en France notamment. Seul problème, c'est une autre souche du virus, le A H3N2 venu d'Amérique, qui a pris le pas et se propage aux populations. Il représenterait même entre 60 et 75% des cas recensés depuis le début de l'hiver.
Et puisque la souche qui prend le dessus n'était que très mineure l'hiver dernier, rares sont les individus qui y ont été exposés et ont pu développer des défenses immunitaires. Par ailleurs, si une souche proche du virus actuel avait été utilisée lors de la conception du vaccin, il a tout de même muté pendant l’année diminuant encore les vertus du traitement.
Résultat : le vaccin n'est utile que marginalement. Des centres d'études américains estiment que son taux d'efficacité aurait chuté en 2015 à 23%, soit bien moins que les années précédentes.
Pour autant, l’Institut de veille sanitaire continue d’inciter les populations et notamment les plus fragiles à se vacciner contre la grippe. Malgré une efficacité en berne, “le vaccin reste le meilleur outil de prévention”, insiste l’institution. La campagne de vaccination a même été rallongée par le ministère de la Santé, la faute à une épidémie qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui pourrait durer jusqu’au mois de mars, d'autant que seule une personne de plus de 75 ans sur deux a été vaccinée.
En attendant que l'épidémie perde de l'ampleur, les médecins se rassurent sur un point : inefficace cette année, le cru 2015 du vaccin pourrait bien être d’une efficacité redoutable contre une autre souche du virus détectée en Chine en 2013 : le H7N9. Notamment véhiculée par des oiseaux, cette souche de grippe est mortelle pour près d’un être humain sur trois qu’elle contamine et pourrait causer un nouvel épisode de grippe aviaire.
Cette année, pour éviter un nouvelle épidémie de grande ampleur, une quatrième souche du virus sera ciblée par le vaccin, pour tenter d’améliorer son efficacité à l’hiver prochain.
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