Paris : Emmaüs menace de ne pas ouvrir le centre humanitaire pour migrants

"Si nous n'avons pas de garanties de la part de l'État, nous n'ouvrons pas lundi prochain". Emmaüs Solidarité a décidé de hausser le ton et a menacé ce mardi 5 septembre de ne pas ouvrir, dès lundi prochain, le centre humanitaire pour migrants qu'il gère porte de La Chapelle à Paris.

Aurélie El Hassak-Marzorati, la directrice générale adjointe d'Emmaüs Solidarité, explique cette situation : "Il faut qu'on ait des réponses cette semaine, un engagement fort de la part de l'État, sinon on ne pourra pas continuer (...) il n'est pas exclu qu'on réfléchisse à sortir totalement du dispositif". Aurélie Hassak-Marzorati s'inquiète notamment de la diminution des capacités d'orientation en aval : "En moyenne, nous enregistrions 250 entrées et sorties par semaine, ce qui est un rythme déjà insuffisant. La semaine dernière on est tombés à 166, lundi à 23, mardi à 18, et il y a une absence totale de visibilité pour les jours à venir".

Le centre est censé accueillir les migrants une dizaine de jours. Mais la saturation a conduit à la formation d'un campement indigne aux portes du site, plusieurs fois évacué comme ce fut le cas le 18 août dernier lorsque 2.500 personnes ont dû récupérer leur campement de fortune et leurs affaires.

Depuis, la forte présence des forces de l'ordre autour du centre peut intimider les migrants alors que pour rentrer, ils doivent dorénavant "passer un cordon de police", explique-t-elle, en rappelant que pour Emmaüs "l'inconditionnalité de l'accueil est non négociable". "On se demande ce que l'État veut faire du centre, je suis inquiète pour son avenir", ajoute la responsable, alors que le dispositif, qui n'est installé que provisoirement porte de La Chapelle, doit déménager le 31 mars pour un site plus pérenne mais encore inconnu.