Médicaments : "Nous payons entre 10 et 12 milliards par an absolument pour rien"

Il y a quatre ans, les professeurs Even et Debré publiaient le Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, un ouvrage qui avait fait polémique. Dans le sillage du scandale du Mediator, 160.000 personnes avaient acheté ce guide. Aujourd'hui ils reviennent avec une nouvelle version. Depuis 2012, 1.500 nouvelles autorisations de mise sur le marché ont été délivrées pour des médicaments, l'occasion de publier une mise à jour. Quatre ans après "rien n'a changé", regrette Philippe Even.

Le professeur explique que cette nouvelle édition a vu le jour parce que beaucoup de malades ont lui ont écrit pour lui demander de mettre à jour le livre. Pour Philippe Even le nombre de médicaments inutiles voire dangereux sur le marché s'explique par la "volonté absolue de l'industrie pharmaceutique de faire de l'argent et l'incompétence absolue de notre ministère et de nos agences", estime-t-il.

Humex, Fervex inutiles pour soigner un rhume

Pour cette deuxième édition, les professeurs Even et Debré ont analysé 200 médicaments apparus après 2012, notamment dans le domaine des cancers, du diabète, des hépatites et des anticoagulants. Si certains s'avèrent être inutiles ou dangereux, d'autres sont pointés pour leur efficacité. Parmi les anticancéreux, le professeur loue les progrès. "Par contre, dans toutes les autres disciplines, les médicaments mis sur le marché sont très chers, inférieurs aux médicaments inférieurs et cependant de plus en plus largement vendus", explique Philippe Even. "Nous payons entre 10 et 12 milliards par an absolument pour rien". 

Du côté des médicaments qui ne servent à rien pour soigner un rhume, on trouve l'Humex rhume, le Fervex, l'Actif rhume ou encore le Dolirhume. Des médicaments "complètement inefficaces et pas toujours sans danger", note Philippe Even. Ce dernier affirme également que tous les médicaments contre les allergies, remboursés par la Sécurité sociale, et les antihistaminiques sont inefficaces. Le professeur Even rappelle également qu'en matière de contraception, il est primordial de prendre des pilules de 2e génération, et non pas de 3e et 4e génération.