Lydie Salvayre a vu le drame de Charlie monter depuis des années

Le prix Goncourt qu'elle a reçu pour son roman Pas pleurer en 2014, soit un an avant Mathias Enard, "était un vertige", qui a bouleversé sa vie d'écrivaine. Grâce à cette récompense, Lydie Salvayre est subitement passée de 10.000 ou 20.000 lecteurs, à 350.000. Et elle a pu signer 18 contrats à l'étranger, ajoute fièrement la lauréate.

Pourtant, elle n'a pas vécu cette récompense comme il se doit, en raison de son traitement éprouvant contre le cancer. "Tout m'arrivait de façon amortie", dit-elle. "Je n'arrivais pas à habiter moi-même cette joie que je voyais sur le visage des autres", regrette l'auteure, toujours sous traitement.

J'ai horreur de la compassion des autres

Lydie Salvayre

Mais pas question d'en faire un livre, affirme Lydie Salvayre. Elle a "trop peur de tomber dans le pathos" et a "horreur de la compassion des autres". D'ailleurs elle n'avait pas dit au jury du Goncourt qu'elle était malade, ça lui a "échappé" après.

Ses derniers textes concernent les attentats de janvier à Paris. Cette ancienne pédopsychiatre avait vu bien avant le drame "monter doucement l'anti-sémitisme" dans les banlieues Est de Paris. Elle en avait d'ailleurs "glissé quelques mots" au président Hollande quand il l'avait reçu en 2014. Elle n'a donc pas été étonnée le soir du 7 janvier 2015 et elle a eu du mal à partager "l'esprit Charlie".

À lire aussi

francophonie

Leïla Slimani veut "déringardiser la notion de Francophonie"

Le problème est "toujours là" dit-elle. La faute aux conditions de vies difficiles, à l'importation du conflit israélo-palestinien, ou encore à la montée de l'islamisme radical. Mais l'écrivaine n'a pas de solution miracle pour "arracher les racines d'un mal dont les attentats de janvier n'étaient que la manifestation la plus visible et la plus scandaleuse".