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Livreur tué à Paris : le policier ivre face au juge
Le parquet demande qu'il soit placé en détention. L'agent est soupçonné d'avoir mortellement percuté un automobiliste, alors qu'il conduisait avec 2,13 g d'alcool dans le sang.
Le suspect était en garde à vue depuis jeudi. Ce policier, soupçonné d'avoir provoqué un accident mortel à Paris, à l'aube jeudi alors qu'il était ivre, va être présenté à un juge d'instruction en vue de sa mise en examen ce samedi 30 mai. Le parquet a requis son placement en détention, a appris l'AFP de source judiciaire.
En poste à la PJ de Seine-Saint-Denis, ce brigadier chef de 39 ans, rentrait de soirée à vive allure. Il ne s'était pas arrêté à un feu rouge, quand il a percuté la camionnette conduite par la victime, un livreur de 40 ans.
L'accident s'est produit boulevard Sébastopol, vers 04h15. Yazid B. a été éjecté de son véhicule sous la violence du choc. Il est décédé peu après. Il était père de trois enfants de 7, 9 et 11 ans.
Deux policiers très alcoolisés
Le policier, qui conduisait une voiture banalisée sans être en service, présentait une alcoolémie de 2,13 grammes d'alcool par litre de sang, soit plus de quatre fois le taux autorisé (0,5 gramme) et près de trois fois celui à partir duquel conduire en état d'ébriété devient un délit (0,8 gramme).
Sa présentation à un juge d'instruction se fera dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour homicide involontaire, aggravé par la violation à une obligation de prudence (la violation de règles du code de la route) et l'état alcoolique. Le parquet va réclamer son placement en détention.
Le collègue du chauffard présumé, qui était sur le siège passager, est également affecté à la PJ de Seine-Saint-Denis. Il a été entendu comme témoin. Il présentait un taux d'alcoolémie d'1,6 gramme dans le sang.
"Mon mari était un homme en or"
La veuve du livreur tué a dit son intention de porter plainte. "Si c'était un accident normal... Mais ça vient de policiers, qui doivent protéger les citoyens, respecter la loi et le code de la route", a-t-elle déclaré vendredi à l'AFP, très éprouvée. "Mon mari était un homme en or. Ce n'était pas un feignant. Il était parti travailler, subvenir aux besoins de ses enfants, en livrant du pain dans des hôtels à Paris".
Les deux policiers revenaient d'une soirée en boîte de nuit, dans le quartier des Champs-Élysées. Il s'agissait de la traditionnelle soirée annuelle d'un autre service de la PJ, un office central.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a prévenu que si l'enquête judiciaire confirmait les premières constatations, il ferait preuve "d'une très grande sévérité" à l'endroit des deux policiers, "indépendamment des poursuites pénales".
