Malgré le soulagement de la condamnation, le mystère reste entier pour la maman et les proches du petit Mathis. Son père aura refusé jusqu'au bout de dire où est le petit garçon...
Sylvain Jouanneau a été condamné à 20 ans de réclusion ce jeudi 4 juin, pour avoir enlevé et séquestré son fils, Mathis, disparu en 2011 à l'âge de 8 ans et resté introuvable.
"Ces faits odieux (sont) d'autant plus inexplicables que (l'accusé) venait de voir ses droits de père rétablis" progressivement par la justice, a dénoncé l'avocat général Pascal Chaux, devant les assises du Calvados à Caen. Selon lui, l'accusé a fait subir des "violences psychologiques, une emprise" à son fils.
La mère de Mathis avait réclamé à la barre "la plus forte peine" pour l'accusé, qu'elle a longtemps pensé bon père. Sylvain Jouanneau, qui encourait 30 ans, écope de la peine maximale prévue par la loi dans son cas, étant donné qu'une altération de son comportement a été retenue par la cour.
Une loi de 2014 prévoit en effet une réduction d'un tiers de la peine maximale lorsqu'il y a altération de discernement. Cette peine de 20 ans couvre également les menaces de mort sur une ancienne compagne qui l'avait quitté en 2011.
Je suis un peu ému...
Sylvain Jouanneau, père de Mathis
"Je suis un peu ému. Pendant que vous choisissez, je vais penser à Mathis", a réagi l'accusé, les yeux rougis. Mais Sylvain Jouanneau n'a pas versé une larme, n'a pas eu un mot d'explication."Manipulateur", selon la partie civile, ancien cadre devenu maçon, il n'a jamais ramené son fils chez sa mère, comme il aurait dû le faire le 4 septembre 2011. Il affirme avoir confié Mathis à des proches à l'étranger.
À l'en croire, Mathis "va bien", il ne l'a "pas tué". L'enfant aurait changé de nom et se serait converti à l'islam, comme son père en 2006.
Mais où est le petit garçon ? Malgré les demandes répétées des proches de Mathis, épuisés nerveusement, et celles des magistrats, Sylvain Jouanneau n'a pas répondu pour, dit-il, "protéger" ceux à qui il a remis son fils.
"C'est du vent. Il nous enfume (...) J'ai peur pour la vie" de l'enfant, avait plaidé Aline Lebret, l'avocate de la mère de Mathis, Nathalie Barré (qui a eu deux cancers depuis l'enlèvement). "S'il est vivant, il est massacré".
À la présidente Antoinette Lepeltier-Durel, qui lui demandait pourquoi il ne parlait pas, l'accusé a répondu : "ça ne changerait rien".
Si personne ne le bouscule, il parlera jamais.
Alain Louet, le compagnon de la maman de Mathis
Sylvain Jouanneau a multiplié les digressions, s'est souvent muré dans le silence, perdant rarement son "calme olympien", selon l'expression d'un témoin. "Mais on n'en peut plus, il faut secouer ce monsieur. Si personne le bouscule, il parlera jamais", a presque crié mardi Alain Louet, le compagnon de la maman de Mathis, en larmes à la barre.
Sylvain Jouanneau a été arrêté le 9 décembre 2011, près d'Avignon, après avoir été aperçu à six reprises, à partir du 4 septembre, par des témoins en France, toujours seul. "Un vide" demeure, entre le 5 septembre et la mi-octobre, période où personne ne l'a vu.
C'est l'enfant de la haine.
Sylvain Jouanneau
L'accusé a certes affirmé à la cour que Mathis est la "plus belle chose qui lui (soit) arrivée dans la vie". Mais en 2010, après son divorce, il écrit de lui : "C'est l'enfant de la haine. Il y a des gènes de sa mère en lui. Je ne peux pas faire de miracles (...) J'ai fait le deuil".
Arrivé le poing levé à l'audience mercredi, Sylvain Jouanneau n'explique pas la "précipitation" avec laquelle il a quitté son véhicule retrouvé près de Bayonne, près d'un fleuve, en septembre 2011, avec un rehausseur à l'intérieur et un paquet de bonbons.
Pour les policiers, son courrier de 2011 affirmant qu'il a confié Mathis à des "complices sûrs et puissants" est peu crédible, pour cet homme sans amis.
"Tout le monde pense qu'il a tué son fils". Mais "ne nous trompons pas de procès. Il n'est pas renvoyé pour homicide", a souligné Véronique Demillière, l'avocate de la défense. Une autre instruction est en cours, contre X, pour homicide.
Pour elle, il s'agit juste d'une soustraction d'enfant. En 2012, "439 enfants ont été enlevés par leurs parents" en France, sans que ceux ci ne soient renvoyés devant les assises.
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