Cyber-jihad : "Les attaques de l'État islamique contre les sites de presse se multiplient", dit un spécialiste
REPLAY - La chaîne de télévision francophone TV5Monde a été piratée par un groupe se revendiquant de l'État islamique. Jusqu'où peut aller le cyber-jihad ? La réponse de Louis Caprioli, ancien patron de la lutte antiterroriste.
La chaîne francophone TV5Monde, piratée mercredi 8 avril par des individus se réclamant du groupe jihadiste État islamique (EI), a annoncé pouvoir diffuser des programmes enregistrés, mais être dans l'impossibilité de produire et de diffuser ses journaux. Des documents présentés comme des pièces d'identité de militaires français combattant Daesh ont été publiés sur Facebook.
Pour Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST), il ne semble faire guère de doute de l'État islamique est bien derrière cette opération. "L'EI a pris la précaution de s'adresser au président de la République et aux familles des soldats français pour créer un choc psychologique et montrer sa toute-puissance dans les réseaux de communication", explique-t-il.
Montée en gamme
Ces cyber-attaques se multiplient. Des sites internet ou des comptes Twitter sont souvent piratés. Là, on a quand même l'impression qu'on est encore monté en gamme. "Il faut savoir que le défaçage est une technique assez simple mais efficace", tempère le spécialiste. "Cela dénote qu'il y a une faille qui est laissée béante dans les plugins des wordpress vulnérables. Depuis les attentats de janvier, on a eu, sur tous les sites de la presse dans le monde, des attaques de l'État islamique", poursuit-il.
Peut-on craindre, un jour, que les auteurs de ces attaques prennent la main sur les tours de contrôle d'aéroport, des lignes TGV, et pourquoi pas nos armes nucléaires ? "Les armes nucléaires, je ne crois pas qu'on y soit", rassure Louis Caprioli.
"Ces attaques, qui sont artisanales, donnent l'impression à l'ensemble de nos concitoyens qu'ils maîtrisent une technique qui peut nous mettre à genoux", explique-t-il.
Difficile de remonter la piste
"L'État met des moyens formidables pour protéger les installations sensibles", rappelle-t-il. "Maintenant, il appartient aux chaînes de télé et aux radio de protéger leurs sites, parce que c'est très facile de pénétrer", prévient-il. "Bien sûr, c'est un exploit d'avoir paralysé pendant plusieurs heures TV5, mais pour autant, techniquement, c'est peanuts. Ça ne représente pas une grande technicité".
Pourra-t-on remonter jusqu'au "cyber-califat" qui revendique l'attaque ? "Non, car les pirates ont comme principe d'effacer leurs traces", répond Louis Caprioli.
"De toute façon, on n'a pas besoin de remonter jusqu'à eux. On ne va pas remonter sur l'Irak, sur la Syrie parce que, si ça ce trouve c'est une équipe qui est installée dans un pays occidental et qui travaille à la commande", conclut-il.
