Il a "l'impression d'être la victime collatérale d'un débat qui le dépasse". Alexandre, 27 ans, dit avoir été agressé par des chauffeurs de taxi dans la nuit de samedi à dimanche à Lyon. Son tort : avoir affirmé à un taxi qui lui refusait une course qu'il n'est pas étonnant que leurs clients se tournent vers le service Uber. Nez et sinus maxillaire fracturés, il s'est vu attribuer 21 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Publiée lundi sur son compte Facebook, la photo de son visage défiguré a déjà été partagée à plus de 4.000 reprises. En-dessous du cliché, il précise : "Les amis, vous savez que je déteste le pathos. Néanmoins, l'affreuse histoire racontée par cet article est la mienne".
Deux jours après sa mésaventure, Alexandre a retracé le fil de ladite histoire auprès de RTL. Il était 2h30 du matin, samedi soir, dans le quartier de La Confluence, au sud de Lyon. Consultant en management et membre d'un think thank pro-européen faisant la promotion du dialogue franco-allemand, le jeune homme sortait du dîner de clôture d'un séminaire de son laboratoire d'idées en compagnie de plusieurs amis pour rallier la place Bellecour, au nord de la ville, lorsqu'il est tombé sur "plusieurs taxis qui ne voulaient pas s'arrêter et qui avaient pourtant la lumière verte".
"Il y en a un qui était à l'arrêt, on est allé le voir. On lui a demandé si on pouvait l'utiliser pour rentrer place Bellecour. Il nous a dit qu'il était en grève. Je lui ai répondu que ça aurait été peut-être plus malin de mettre sa lumière en rouge ou de l'éteindre. Il m'a insulté et m'a demandé de quoi je me mêlais. J'ai répondu que ce n'était pas étonnant que les clients préfèrent utiliser Uber avec de tels propos".
La remarque ne passe pas et la situation s'envenime rapidement. "Il est sorti de son taxi très énervé, très provoquant et agressif, raconte-t-il. Un autre taxi le retient et finalement arrive à calmer le jeu. On sympathise même un peu. Puis on se sépare. Je vois que les deux taxis discutent avec d'autres taxis. Je marche en direction de Bellecour et au bout de cinquante mètres, je sens une main sur l'épaule, je me retourne et je me prends les deux fameux coups qui me fracturent le nez et le sinus maxillaire".
Dès lors, les souvenirs d'Alexandre sont flous. "Je suis tombé assez rapidement dans les pommes. Je comprends juste que je viens de me prendre deux coups. Ça a craqué dans ma tête. Je me suis protégé en demandant de toutes mes forces à ce que les pompiers arrivent. Comme c'est bouché, j'entends les klaxons, je comprends qu'ils ne vont pas arriver avant une demi-heure. Je demande à tout le monde de faire quelque chose pour m'emmener à l'hôpital. Il y a plein de taxis autour et je crois que personne ne se propose pour m'y emmener", se souvient-il.
Désormais tiré d'affaire, Alexandre craint néanmoins les complications à venir. "J'ai une grosse fracture du nez, une fracture du sinus maxillaire, l’œil qui sort de son orbite et plus du tout de sensation au niveau de mes dents en haut à gauche. Je respire par la bouche. Pour parler, je dois temporiser ma respiration. C'est très difficile d'avaler et d'ouvrir la bouche. J'ai un mal de crâne insupportable. Ma grande crainte n'est pas tant que la douleur persiste qu'une partie de mon visage reste désensibilisée à vie", explique-t-il.
"Je suis vraiment difforme. Je ne ressemble plus du tout à ce que à quoi je ressemblais avant, continue le jeune homme qui doit se faire opérer en fin de semaine. J'avais un métier qui était beaucoup dans la représentation et la communication, je ne sais pas si je pourrai le reprendre, ni comment. J'ai perdu une grande confiance en moi car j'ai fait l'objet d'une violence gratuite. On se pose beaucoup de questions. Heureusement que ma famille et mes amis sont là pour me réconforter".
Choqué par la violence des coups, il ne pense pas qu'on puisse "frapper aussi fort sans avoir pratiqué un sport de combat", le jeune homme en veut à ses agresseurs qui ont choisi "d'utiliser la violence en premier lieu, alors qu'on a essayé de discuter ensemble". "J'ai mis ma photo sur Facebook et Twitter pour que les gens se rendent compte que frapper quelqu'un au visage, voila à quoi ça peut aboutir. Et encore j'ai eu de la chance. J'aurais pu tomber sur un bout de trottoir. J'aurais pu perdre un œil. J'aurais pu être mort".
Pour autant, il ne veut pas souffler sur les braises du conflit, alors que les altercations entre chauffeurs de taxis et ceux d'UberPop se sont multipliés ces dernières semaines. "Je peux comprendre qu'on puisse en arriver là même si je ne peux pas l'admettre. Je vois très bien la problématique des taxis qui ont acheté des licences très chères. Je vois aussi celle des clients qui sont insatisfaits en pleine nuit à Paris et dans d'autres villes de France où il est impossible de commander et la qualité de service n'est pas bonne non plus". Maintenant qu'il a "voix au chapitre", Alexandre aimerait "pouvoir appeler à l'apaisement et aussi peut-être porter la voix des clients de ces deux types de prestations. Je prends les deux, le taxi en priorité et ensuite les différents VTC".
Plusieurs taxis lyonnais ont condamné l'agression. Mais Pascal Wielder, président de l'antenne lyonnaise de la Fédération nationale des taxis indépendant affirme auprès de France TV Info "qu'à l'heure actuelle, rien ne prouve qu'Alexandre a été agressé par des chauffeurs de taxis. Des collègues sont entendus, mais pas sous le régime de la garde à vue. Si l'enquête nous donne raison, nous porterons peut-être plainte pour diffamation". L'avocat d'Alexandre a quant à lui fait savoir au Huffington Post que des témoins directs de l'agression avaient identifié un ou plusieurs agresseurs. Une enquête de police est en cours. Elle a été confiée à la sûreté départementale.
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