Affaire Grégory : retour sur ce feuilleton judiciaire vieux de 32 ans

C'est l'une des grandes affaires judiciaires de ces dernières années. Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, âgé de 4 ans, disparaît aux alentours de 17 heures près du domicile familial à Lépanges-sur-Vologne. Quelques heures plus tard, et après un appel anonyme reçu par le père de famille, le corps du petit enfant est retrouvé dans les eaux froides de la Vologne, pieds et poings liés. Une découverte qui a marqué, dès lors, le début de cette affaire à rebondissements mais sans dénouement depuis maintenant 32 ans.

Le lendemain du drame, les parents reçoivent une lettre du corbeau, comme le rapportait Libération en 2009 : "J'espère que tu mourras de chagrin, le chef, ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con". Un corbeau qui sévissait depuis trois ans déjà.

Le cousin germain et la mère suspectés

L'enquête se focalise très rapidement sur les membres de la famille Villemin. Bernard Laroche, cousin germain de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, est d'abord mis en cause et inculpé avant d'être remis en liberté le 4 février 1985. Moins de deux mois après sa sortie de prison, ce dernier est assassiné par Jean-Marie Villemin, persuadé qu'il est l'assassin de son fils. Le père de famille sera alors condamné à quatre ans de prison pour ce geste.

En juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert opère un spectaculaire revirement : il porte ses soupçons vers la mère du garçonnet, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d'un non-lieu retentissant pour "absence totale de charges", formule inédite aux accents d'excuse et d'aveu d'erreur judiciaire.
L'affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d'hypothétiques traces d'ADN sur les scellés. Certains mélanges génétiques ont pu être isolés, et étaient en cours de comparaison avec les prélèvements de 280 personnes figurant dans le dossier. Depuis, plus rien.

Cinq nouvelles auditions

Et ce, jusqu'à ce mercredi 14 juin, où l'affaire est une nouvelle relancée avec les auditions de cinq membres de la famille Villemin, dont trois ont été placés en garde à vue. Selon une source proche de l'enquête, cité par l'AFP,, les personnes en garde à vue sont Marcel Jacob, oncle de Bernard Laroche et de Jean-Marie Villemin, et sa femme Jacqueline ainsi qu'une belle-sœur de Jean-Marie Villemin, Ginette Villemin.

La grand-mère de Grégory, Monique Villemin, était aussi entendue en audition libre car son état de santé ne permettait pas la garde à vue. Son mari, Albert Villemin, est également entendu, sans qu'on connaisse pour l'instant le régime de cette audition.