La France n'est pas prête et pourtant elle n'est pas à l'abri, et ça pourrait lui coûter cher. C'est bien de séisme dont on parle, pas de séisme politique, ça ce sera plus tard, non le séisme le vrai, celui qui fait trembler la terre. Le Parisien-Aujourd'hui en France publie ce matin une étude qui estime que la France n'est pas préparée à un tremblement de terre. Le bureau de recherche géologique et minière a évalué la facture potentielle en s'appuyant sur les séismes les plus forts survenus chez nous. Qui se souvient qu'en 1909 un séisme de 8,5 avait secoué la Provence et fait 46 morts à Lambesc ? C'est dans les Pyrénées que la facture serait la plus élevée, si un séisme de l'ampleur de celui de 1660 survenu à Bagnères-de-Bigorre devait se produire aujourd'hui, il causerait de 5 à 8 milliards d'euros de dégâts. Le but de cette étude est d'alerter les élus locaux pour qu'ils stoppent les constructions sur les terrains les plus vulnérables.
L'autre séisme du jour est politique. Les éléments se déchaînent à la une de
la presse ce matin. "Le raz-de-marée François Fillon" en une du Courrier Picard,
de Presse Océan et du Populaire du Centre, "la vague Fillon coule Sarkozy" en
une de L'Ardennais, "la tornade Fillon emporte tout sur son passage" en une de
la Charente Libre, "la déferlante" en une du Figaro. Et les éditorialistes de
s'interroger : de quoi la victoire écrasante de l'ancien Premier ministre est
elle le nom ? "Un vote anti-Sarkozy ne suffit pas à expliquer ce résultat",
écrit Stéphane Albouy dans Le Parisien, car dans ce cas les scrutins se seraient
reportés plus massivement sur Juppé.
Non ce 20 novembre, les électeurs ont choisi un homme dont le discours ne
varie pas depuis des années. "C'est la victoire de la droite tranquille",
explique Alexis Brézet dans Le Figaro. François Fillon a su s’installer aussi
sur les thèmes "conservateurs" qui ont le vent en poupe à droite. Son autorité
sereine dans les débats télévisés a fait le reste. L'Opinion rappelle la fameuse
réaction de François Mitterrand. "Quelle histoire, mais quelle histoire", avait
laissé échapper Mitterrand en apprenant la victoire de Chirac en 95, Chirac
revenu de nulle part et qui avait signé une incroyable remontée face à Balladur
le grand favori. L'histoire se répète. Dans Les Échos, Cécile Cornudet utilise
la même formule qu'Alba Ventura ce matin sur RTL. "C'est la revanche du
collaborateur", et il "n'y a pas plus belle revanche pour François Fillon que de
la prendre sur celui qui avait transformé leur couple exécutif, en un permanent
supplice vexatoire". C'est, dit autrement par Laurent Joffrin, dans Libération,
"le clown blanc a eu raison de l'auguste".
L'élimination de Nicolas Sarkozy, autre séisme de ce premier tour. "Plus
qu'une élimination, c'est une humiliation", écrit Michel Urvoy dans
Ouest-France. On savait que cette primaire serait un référendum pour ou contre
l'ancien président, elle l'a été au-delà de ce qui avait été imaginé. Ébloui par
la ferveur de son premier cercle, Nicolas Sarkozy n'a pas mesuré le degré de
rejet de son propre camp. "La honte de sa vie", écrit Jean-Claude Soulery dans
La Dépêche du Midi. "Au revoir président", ironise en une Libération, champagne
façon pub pour le loto. "Il n'a pas vu venir la dynamique Fillon", écrit Marion
Mourgue dans Le Figaro, mais surtout Sarkozy estimait qu'il était le plus en
résonance avec le mood de la société française, les polémiques sur nos ancêtres
les gaulois ou sur la double ration de frite à la cantine l'étonnaient voire
l'amusaient. Elles reflétaient selon lui la bien pensance et les débats
interdits, mais elles ont aussi réveillé l'anti-sarkozysme.
Résultat, c'est "la retraite à 62 ans", s'amuse Alain Aufray dans Libération
tandis que Laurent Joffrin jubile : "Sarkozy karchérisé". S'est-il réellement
retiré de la vie politique ? "Des collaborateurs en pleurs, un candidat qui
embrasse et console disent mieux que tous les mots la fin d'un parcours", écrit
Mathieu Gouar dans Le Monde de cet après-midi. "Personne n'a d'ailleurs jugé
utile de demander s'il fallait annuler le grand meeting prévu ce soir à Troyes
chez François Baroin". Carla bruni était en larmes. "Quelquefois les meilleurs
perdent , bravo mon amour je suis fière de toi", a-t-elle écrit cette nuit sur
son compte Instagram.
Et maintenant ? Après un séisme, on guette les répliques. Et quand la terre
tremble il y a des fissures. "Juppé s'effrite", titre Le Figaro, sans que l'on
sache s'ils l'ont fait exprès. Qui sont les autres perdants ? François Hollande
affirme Nicolas Beytout dans L'Opinion pour qui "quatre millions de Français"
ont voté "pour enclencher l'alternance et priver le président de celui qu'il
croyait être un adversaire à sa portée". "La fin du sarkozysme appelle la fin du
hollandisme", assène Jean-Louis Hervois de La Charente Libre.
"Ce qui s'est passé ce dimanche est aussi une leçon pour tout le monde", écrit Anne Sinclair sur le Huffington Post. "On n'imposera plus, sauf au Front
national et encore, la candidature d'un chef incontesté". "Nicolas Sarkozy est
l'exemple d'un monde d'hier dont les Français ne veulent plus. François Hollande
va devoir mesurer s'il peut encore incarner le monde de demain. S'il veut se
représenter, il va lui falloir des talents de magicien, d'anesthésiste,
d'euphorisant, pour repeindre en 'ça va mieux' une France qui dit de mille
manières que 'ça ne va plus'". D'autres séismes sont à venir, mais on est
peut-être mieux préparés à ceux-là...
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