Une "opération séduction" ? C'était plutôt opération déminage avant le Salon de l'Agriculture. Mais c'était un déminage "à la Macron". Jeudi 22 février, il n'a pas marché sur des œufs, c'est le moins qu'on puisse dire. Il s'est exprimé avec ce ton ferme et volontariste qu'on lui connait ("Je ne suis pas là pour plaire, je suis là pour faire").
Le chef de l'État a fustigé tous ses prédécesseurs qui viennent au salon "pour tâter le cul des vaches" et qui n'ont rien fait pour que l'agriculture se modernise. Mais il s'en est pris aussi à certaines catégories d'agriculteurs qui ne veulent pas que le système change.
Alors il y a ceux qui ont trouvé (surtout chez les jeunes agriculteurs) qu'il y avait de la franchise dans son discours, et ceux qui disent "Ce ne sont que des mots, il ne fera rien pour nous". Cela dit, même si le Président est venu secouer le cocotier - et il a raison - il y a des sujets lourds sur la table.
À commencer par l'accord éventuel avec le Mercosur, cet accord de libre-échange avec une partie des pays d'Amérique du Sud, dont le Brésil qui serait autorisé à nous vendre des viandes issues de centres d'engraissement, nourries aux farines animales et dopées aux antibiotiques. Autrement dit ce qu'il y a de plus bas dans le bas de gamme.
Non seulement c'est un accord qui ferait du mal à nos éleveurs, mais il ferait aussi beaucoup de mal à nos assiettes, et donc à notre santé.
Et puis il y a aussi le futur redécoupage des "zones défavorisées", là où l'élevage et l'agriculture sont compliqués (en montagne, par exemple). Si on est exclu de ces zones, on ne perçoit pas les aides européennes. Enfin il y a toutes les promesses des Etats généraux de l'alimentation. Surtout celle qui consiste à revenir à un équilibre dans la guerre des prix entre la grande distribution et le agriculteurs.
C'est pour cela qu'Emmanuel Macron a préféré s'exprimer qu'il a préféré s'exprimer devant les jeunes. Parce que l'agriculture d'Emmanuel Macron c'est une agriculture d'entreprise, une agriculture moderne.
L'idéal du Président, c'est d'avoir des productions capables de rivaliser avec l'étranger, des productions compétitives. Comme en Allemagne, avec les fermes de 1.000 vaches. Chez nous, nos éleveurs ont en moyenne 90 bêtes. On a beaucoup de petites fermes (c'est parfois presque de l'artisanat), des petites structure qui essaient de survivre dans leurs coins.
L'agriculture française ce sont beaucoup de paysans qui font que nos paysages sont si beaux, pas forcément des chefs d’entreprises. Donc il y a deux conceptions. Il y a un choc entre les plus jeunes qui attendent que le système soit bousculé par Macron, et les autres qui ne veulent pas bouger.
Mais vous savez, jeunes ou moins jeunes, cela reste une profession fragile, inquiète pour son avenir, qui va de crises économiques en crises sanitaires. Il y avait jeudi dans la salle des fêtes de l'Élysée un jeune homme qui vient de reprendre l'exploitation de son père dans le Vendômois.
Il a 165 hectares, et aujourd'hui il ne survit que parce qu'il a un autre boulot : il est consultant auprès d'entreprises agricoles. Il a expliqué qu'il espérait se payer dans un an et demi environ 1.000 euros par mois. Et si on lui enlève les aides qu"il touche, il ne se paiera pas.
Emmanuel Macron est prévenu. Et même s'il est très à l'aise pour mettre les points sur les "i" et pour séduire quand il le faut, il sait aussi que dans l'ensemble les agriculteurs ne lui sont pas forcément acquis.
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