Imaginons le premier débat de la primaire de la gauche, dans à peu près six mois. "Monsieur le président de la République, que répondez-vous à Arnaud Montebourg ?". Un débat entre un chef de l’État encore en fonction et un ancien ministre qu’il a viré pendant son quinquennat. Imaginez qu'il faille modérer la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann qui attaque trop brutalement François Hollande. Reconnaissez que ce n’est pas facile. Un tel moment risque d’être très décalé, très curieux, voire un brin surréaliste.
Certes François Hollande le dit à ceux qu’il reçoit à l’Élysée, à propos de sa candidature en 2017: "Il va falloir que je sois original". On le veut bien. Mais on ne pensait pas que ce serait jusqu'à se retrouver dans une primaire face à ses vieux amis du PS ou à ces rares écolos qui sont restés ses amis. Pourtant, on en prend le chemin. Parce que François Hollande lui-même a donné son feu vert à ce principe. L'un de ses proches nous l’a confirmé. Il a besoin de cet exercice, de ce passage, parce qu’il n’est plus le candidat naturel de la gauche.
Pour cette "opération de survie", comme l'a baptisée l’un de ses amis, c’est Jean-Christophe Cambadélis, le patron du Parti socialiste, qui est à la manœuvre. C’est un orfèvre en la matière, le roi de la tactique politique. Il est arrivé à faire accepter à tous les socialistes, ce week-end, une primaire taillée sur-mesure pour le calendrier de François Hollande. Même si aucun sondage ni aucun scénario ne donne le chef de l'État présent au second tour de l’élection présidentielle, celui-ci est le mieux placé pour gagner cette primaire.
Qui votera à cette primaire PS ? Ce ne seront probablement pas entre 2 et 3 millions de Français, comme en 2011. Jean-Christophe Cambadélis a prévenu : "Ils n’auront pas le temps d’organiser une grande primaire". Ce seront donc surtout et avant tout les militants socialistes qui vont voter. Or les militants sont légitimistes : le chef, c’est le chef. Ensuite Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon n’ont jamais été majoritaires dans le parti. En plus, à la gauche du PS tout ce petit monde se déteste. Les "frondeurs" n’ont jamais voulu faire émerger une tête pour les représenter. Ils vont donc se diviser. Dans ces conditions, François Hollande est "encore le seul qui peut rassembler", nous a résumé un ministre.
Cette primaire peut-elle redynamiser une candidature de François Hollande ? Oui. Mais ce qui reste compliqué, c’est qu’elle arrivera largement après la primaire de la droite. La dynamique de la campagne sera lancée depuis un moment. Pour rappel, la droite connaîtra son candidat au plus tard le 27 novembre. Les candidats à la primaire du PS devront se faire connaitre dans la foulée, dans la première quinzaine de décembre. Le premier tour est programmé pour le 22 janvier. Tout cela est très tardif.
En revanche, cette primaire a une grosse vertu : elle permettra à François Hollande de se lancer dans la bataille sans que cela semble totalement incongru, cinq mois avant la fin de son mandat. Avec une primaire, on pourra moins lui faire le reproche d’être en campagne alors qu’il est Président. Il nous reste une dernière chose à imaginer : que ces cinq mois lui suffisent pour être qualifié au second tour de l’élection présidentielle. Cela aujourd'hui, comme la primaire, c’est très difficile à imaginer.
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