"Quel aurait été l'engagement de toute ma vie si j'avais décidé de vous abandonner ?". C'est avec ces mots que Nicolas Sarkozy s'est adressé à ses principaux soutiens comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore Laurent Wauquiez et Henri Guaino. À quelques heures du début des votes des militants UMP pour la présidence du parti, retour sur une campagne décevante pour l'ancien président de la République.
Et pour cause, Nicolas Sarkozy est revenu sur la scène politique en donnant l'impression de ne pas avoir mesuré le poids de son concurrent, Bruno Le Maire. L'ancien président aurait même qualifié son adversaire de "connard [qu'il a] fait ministre", selon Le Canard Enchaîné. Même si les sondages penchent en faveur de l'ancien locataire de l'Élysée, "la révélation de la campagne, c'est Bruno Le Maire", estime l'éditorialiste Alba Ventura.
Ce sont même 45% des Français qui estiment que le député de l'Eure a mené la meilleure campagne des candidats à la présidence de l'UMP. Il se place ainsi devant Nicolas Sarkozy (40%), selon un baromètre publié par L'Express.
"On disait que l'ancien président allait tout emporter sur son passage. Cela n'a pas été le cas. Bruno Le Maire a réussi à se faire une notoriété et à se démarquer", analyse l'éditorialiste. D'une façon plus générale, Nicolas Sarkozy aurait raté son retour pour 75% des Français, selon un sondage Odoxa pour i-Télé et Le Parisien.
Le retour et la campagne de Nicolas Sarkozy sont loin d'être aussi simples que prévu, à tel point qu'un proche de l'ancien président en vient à lui demander : "Nicolas, est-ce que tu bosses vraiment ?", rapporte L'Obs.
Le principal reproche fait à Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle est d'avoir cédé aux demandes des militants. À l'occasion d'un discours devant le mouvement Sens commun, proche de la Manif pour tous, le candidat à la présidence de l'UMP s'est prononcé en faveur de l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage homosexuel. L'annonce a étonné d'autant plus qu'il s'était, jusqu'à présent, gardé de formuler une opinion sur ce sujet. Il a affirmé vouloir "réécrire" la loi. Mais alors que plusieurs personnes présentes ont crié "abrogation", l'ancien président a cédé.
Nicolas Sarkozy qui se voulait rassembleur au sein de l'UMP ne va pas faire l'unanimité avec cette proposition. Aussi bien à gauche qu'à droite, on critique sa prise de position. Nathalie Kosciusko-Morizet estime que "l'abrogation de la loi Taubira n'est ni souhaitable, ni possible". Cet avis est partagé par Valérie Pécresse, qui estime que "l'abrogation n'est pas humainement réalisable". "Comme ça l'ennuie, il n'est pas bon. Comme il n'est pas bon, il s'énerve. Et comme il s'énerve, il fait des conneries", reconnaît un parlementaire dans L'Obs.
Ce faux pas laisse la place à Alain Juppé qui estime que le mariage pour tous a permis à la société de "franchir une étape". "L'idée que deux personnes du même sexe peuvent s'aimer et donc bénéficier d'un statut officiel [...] fait partie des acquis et on ne reviendra pas dessus", ajoute le candidat à la primaire UMP.
Je ne me laisse pas impressionner par des mouvements de foule
Alain Juppé
Quelques jours plus tard, une autre polémique va venir entacher le retour de Nicolas Sarkozy. Le candidat s'était rendu à Bordeaux afin de rencontrer les militants. Alain Juppé, également présent, s'est fait huer par les sarkozytes, alors qu'il évoquait un "rassemblement de la droite et du centre". Face aux sifflets, il a répliqué en taclant Nicolas Sarkozy. "Je ne me laisse pas, pour ma part, impressionner par des mouvements de foule", a-t-il déclaré en faisant référence à l'abrogation de la loi Taubira.
Cet épisode de campagne a pris une ampleur importante, car il a remis une nouvelle fois en cause le statut réconciliateur et rassembleur que Nicolas Sarkozy voulait avoir. Il fait à nouveau planer le mauvais souvenir de la guerre des chefs entre Jean-François Copé et François Fillon au sein du part.
Dans un entretien au Figaro, il tentera de calmer le jeu en assurant que "l'idée d'une guerre serait suicidaire et en tout état de cause étrangère à (son) état d'esprit". Mais le mal est fait puisqu'il lui a été reproché d'avoir laissé son rival se faire huer. "Cette réaction risque de renforcer l'antipathie que ses détracteurs éprouvent envers lui, mais aussi de nourrir le capital sympathie d'Alain Juppé", analyse Romain Renner, de RTL.fr.
Nicolas Sarkozy pourrait pêcher par excès de confiance. "S'il obtient 70%, ça va être la 'cata'", estime l'un de ses partisans qui redoute qu'il ne subisse pas d'électrochoc salutaire. Mais certains préfèrent relativiser les faux pas de Nicolas Sarkozy. "Il est beaucoup plus lucide qu'on ne le pense, y compris sur ses défauts", note un ancien ministre.
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