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Législative partielle dans le Doubs : "C'est un peu 50 nuances de ni-ni à l'UMP", dit Alba Ventura
REPLAY / ÉDITO - La législative partielle dans le Doubs est une bonne occasion pour Nicolas Sarkozy d'imposer sa ligne politique à l'UMP . Elle n'est pas partagée par tout le monde.
Alba Ventura
Crédit : Alba Ventura
Que va faire l'UMP après la législative partielle perdue dans la 4ème circonscription du Doubs ? C'est mardi 3 février dans la soirée que le parti de Nicolas Sarkozy doit arrêter sa stratégie.
C'est un peu 50 nuances de "ni-ni" à l'UMP. Il y a ceux qui ne veulent ni du Front national, ni du front républicain (le fameux "ni-ni"). Il y a ceux qui préfèrent la liberté de vote. Il y a ceux qui disent qu'il vaut mieux voter blanc. Il y a ceux qui expliquent qu'avoir "le choix entre voter FN ou pour le parti qui fait voter FN, ce n'est pas enthousiasmant". On se dit que ça va être le concours Lépine de la bonne formule au bureau politique de l'UMP. On va scruter la sémantique.
Ce n'est pas pareil de choisir le "ni-ni" ou la liberté de vote. Le "ni-ni", c'est un peu comme dire à ses électeurs : "Restez chez vous ! Abstenez-vous !", alors que la liberté de vote c'est un peu comme dire à ses électeurs : "Faites comme vous voulez, votez FN si ça vous chante !"
Vous comprenez mieux pourquoi, à défaut d'avoir une seule ligne, l'UMP va rivaliser d'idées pour trouver le bon message.
Sarkozy va laisser chacun s'exprimer
Au fond, Nicolas Sarkozy choisira le "ni-ni". Il avait fixé cette doctrine aux cantonales de mars 2011, lorsque l'UMP avait été éliminée dès le premier tour dans 200 cantons.
Ce n'est pas la ligne la plus facile à tenir. On peut parfois faire un joli tête-à-queue, comme François Fillon. Ce dernier, lorsqu'il était Premier ministre à l'époque, expliquait qu'en cas de duel PS-FN, il fallait voter contre le Front national. Deux ans plus tard, il indiquait qu'en cas de duel PS-FN, il voterait pour le moins sectaire. Dans sa tête, le moins sectaire ce n'était pas forcément le FN.
Nicolas Sarkozy va tout faire pour que sa ligne du "ni-ni" fasse consensus. Officiellement, le patron de l'UMP va laisser chacun s'exprimer. Chaque position sera respectée. Mais comme le dit un ténor du parti : "Là on ne fait pas de la morale, on fait de la politique". C'est assez clair.
Le front républicain a vécu
Le front républicain est mort depuis bien longtemps. C'était valable en 2002, quand Jacques Chirac faisait 80% face à Jean-Marie le Pen. Mais c'est fini, ce temps-là ! C'est fini, que ce soit pour l'UMP ou pour le PS d'ailleurs. Pour la bonne et simple raison : on ne peut plus imposer un choix aux électeurs.
Regardez ce qui s'était passé lors de la cantonale partielle à Brignoles. Le PS, arrivé troisième, avait appelé au front républicain. Mais les électeurs socialistes ne se sont pas déplacés, car ils ne voulaient pas voter UMP. Le FN a été élu.
Si Marion Maréchal-Le Pen l'emporte dans sa circonscription du Vaucluse, c'est parce que la gauche refuse de soutenir le candidat de l'UMP et laisse un boulevard à la plus jeune des Le Pen.
Aujourd'hui, les mots d'ordre ne comptent plus. Les électeurs ne suivent plus les partis. Si l'UMP appelait au front républicain, ça ne changerait rien. Dans le parti, il y a toute une frange qui préfère regarder vers sa droite que vers sa gauche. Ce n'est pas un secret. Tous les ténors de l'UMP vous disent que leurs électeurs se sont radicalisés.
En son âme et conscience
Franchement, vous croyez aujourd'hui qu'un potentiel candidat à la primaire UMP peut appeler au front républicain. Croyez-vous qu'ils peuvent ignorer cette partie de leur électorat qui se sent plus proche de Marine Le Pen que du PS ? La réponse est dans la question.
Sauf pour Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais notez que ce n'est pas une consigne chez eux, mais une cohérence. L'un comme l'autre se positionnent d'ailleurs à titre personnel, ou en son âme et conscience (c'est ce que dit Juppé).
Car NKM comme Juppé savent, comme le montre le sondage du Figaro, que 67% des sympathisants de l'UMP sont favorables au "ni-ni".
