3 min de lecture
"À l'Élysée, personne ne se risque à parler de 2017", dit Alba Ventura
REPLAY / EDITO - François Hollande a tranché. L'armée verra son budget augmenter de près de 4 milliards d'euros.
Alba Ventura
Crédit : Alba Ventura
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
François Hollande ne peut pas baisser la garde sur le terrain de la sécurité. Vigipirate est à son maximum et il doit être maintenu à son maximum, même s'il est vrai que le budget de la Défense est contraint et que ce sont les autres ministères qui vont devoir se serrer la ceinture (puisque on nous jure que les impôts n'augmenteront pas). Même si on peut se demander pourquoi solliciter des militaires alors que l'on a des policiers et des gendarmes pour assurer la sécurité sur notre territoire. Évidemment, on peut légitimement se demander ce que peut bien faire un soldat de la Légion ou des chasseurs alpins, son fusil en bandoulière, au Trocadéro ou à la Tour Eiffel.
À l'Élysée, on considère qu'il ne s'agit pas d'une mission de second ordre. D'ailleurs, le Président a fait passer ce message aux militaires : "Considérez que vous faites cette opération comme si c'était une opération extérieure", comme au Sahel ou en Irak. D'ailleurs, les soldats que vous voyez dans les rues seront appelés dans quelques mois à partir sur des terrains étrangers. Alors il est vrai que la France plus que ses voisins européens supportent les missions de l'armée à l'extérieur. Que ça coûte cher. À l'UMP, certains estiment d'ailleurs que cette augmentation du budget de la Défense n'est pas suffisante. Mais il n'avait pas le choix François Hollande, parce que la menace terroriste est très élevée et quotidienne et que les Français ne comprendraient pas qu'on allège le dispositif de sécurité en ce moment.
Un message adressé aux Français
C'est aussi politique. Le chef des armées est aussi un Président, et donc un homme politique. Et François Hollande n'oublie pas que s'il y a bien un rôle qu'il a su parfaitement assumer, c'est celui de père de la Nation, On s'en souvient au moment des attentats début janvier. Et d'ailleurs, François Hollande considère que la protection des Français, leur sécurité, a un impact sur leur condition de vie. L'entourage du chef de l'État explique : "S'il y a de la peur, si les gens se calfeutrent, si les touristes ne viennent plus chez nous, cela a des conséquences sur l'économie, sur l'emploi", tout va ensemble.
Restons dans la politique. Cela fera trois ans la semaine prochaine que le Président est à l'Élysée. Il reste deux ans avant la présidentielle. Et comme tous les Présidents sortants il envisage d'y retourner. Alors si votre question c'est : 'Est-ce que François Hollande est le "candidat naturel" de la gauche?', sachez qu'à l'Élysée on n'aime pas du tout cette formule parce qu'elle rappelle trop Michel Rocard. Il était le candidat naturel en 1993 pour la Présidentielle de 1995, mais les Européennes de 1994 lui ont été fatales.
Donc oublions la formule du "candidat naturel". D'autant que dans les sondages, on voit bien que François Hollande est tout sauf un candidat naturel. Et ça, à l'Elysée, on le sait.
La présidentielle 2017
D'ailleurs personne ne se risque à parler de 2017. On marche sur des œufs. On vous explique qu'il faut parler "d'intérêt général et pas d'intérêt électoral" même si les proches du Président veulent croire que l'ambiance sur le terrain est moins agressive à son encontre, que les Français restent malgré tout curieux lorsque le Président se déplace dans leur ville. Alors oui, il envisage de se représenter. Oui, à une condition : que le chômage baisse. François Hollande le dit et le répète, en privé comme en public : "Je n'aurais aucune chance de gagner si la courbe du chômage ne s'inverse pas. S'il n'y a pas de résultat, je n'irai pas". Au fond de lui, il croit qu'il y parviendra. Mais est-ce que ce sera suffisant ?
