- 16m14s
3 min de lecture
"On crève dans ce pays de gamins pas orientés, pas formés", dit Alba ventura
REPLAY / EDITO - François Hollande a prononcé lundi 27 avril un discours à la jeunesse. Une jeunesse dont il avait fait sa priorité pendant la campagne présidentielle.
Alba Ventura
Crédit : Elodie Grégoire
Vous avez vu les chiffres du chômage ? Encore une hausse, qui touche aussi les moins de 25 ans. En mars, on compte 5.200 jeunes de plus sur les listes des demandeurs d'emploi. Alors il faut quand même être honnête : sur l'ensemble du premier trimestre, il y a un léger recul du chômage chez les jeunes, mais regardez comme ça reste fragile. Regardez comme ce très léger mieux est marginal. Il y a environ un jeune sur quatre qui est chômage. Il y a donc bel et bien une urgence. Souvenez-vous de ce que disait François Hollande dans son discours du Bourget pendant la campagne "C'est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France".
Il y a beaucoup de dispositifs qui ont été mis en place pour les jeunes. Des dispositifs comme le service civique, une belle idée, on verra si elle porte ses fruits. Mais ce n'est pas ça qui fera baisser le chômage des jeunes, tout comme la prime d'activité étendue aux moins de 25 ans. Il y a aussi des dispositifs qui ne marchent pas vraiment (les ministres le reconnaissent) comme le Contrat de génération. Et puis il y a des dispositifs qui arrivent tard et d'autres imaginés avec de vieilles recettes socialistes : les emplois d'avenir. Sur le papier, ça fait du travail pour les jeunes, oui mais ça coûte très cher, et pendant ce temps on a négligé le développement de l'apprentissage. Alors François Hollande a annoncé qu'il allait se pencher sérieusement sur le cas des apprentis, mais bon sang on est en 2015. On crève dans ce pays de gamins pas orientés, pas formés. C'est l'apprentissage qui aurait dû être la priorité du quinquennat de François Hollande. Voilà un projet concret dans lequel le Président aurait dû s'investir dès son arrivée à l'Elysée.
La jeunesse, le Saint Graal
Parce que la jeunesse, c'est d'un banal. Tout le monde court après, c'est un peu comme le Saint Graal. La jeunesse, il n'y a pas plus consensuel que la jeunesse. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'on est soit des parents, soit des grands-parents, soit des jeunes. C'est aussi bête que ça. Une jeunesse qui compte à deux ans de la présidentielle. Souvenez-vous de Nicolas Sarkozy, pendant la campagne qui promettait de créer une "Banque pour la Jeunesse" pour aider les jeunes entrepreneurs. Et qui voulait lui aussi plus d'apprentis et doubler les effectifs du service civique. "N'ayez pas peur", c'était le message qu'il avait adressé à la jeunesse en reprenant les paroles du Pape Jean-Paul II. Voilà tous les trésors que l'on peut déployer quand il s'agit de capter l'attention des jeunes.
Ce n'est pas anodin si François Hollande s'est rendu sur Canal + dimanche dernier, la chaîne des jeunes, "chébran" comme aurait dit François Mitterrand. Et jeudi prochain, le Président sera à Brest pour y parler de la "Formation des jeunes". Vous savez, seulement 19% des 18/24 ans ont voté PS au premier tour des départementales le mois dernier. Et François Hollande n'oublie pas qu'il n'est pas très populaire dans cette catégorie d'âge. Les jeunes ont plus voté pour Ségolène Royal en 2007 que pour François Hollande en 2012.
Cette jeunesse qui traditionnellement votait à gauche s'est envolée et elle vient désormais grossir de plus en plus les rangs de l'électorat FN ou, s'abstient de voter. Si, comme le disent de nombreux ministres, François Hollande a l'intention de se représenter en 2017, il faudra non seulement inverser la courbe du chômage, mais aussi se réconcilier avec cette jeunesse perdue.
