Un président ne devrait pas dire ça... et pourtant. François Hollande ne briguera pas un second mandat. L'annonce de sa prise de parole jeudi 1er décembre a surpris tout le monde. Et c'est au cours d'une intervention au ton grave et solennel que le président de la République a mis fin à une potentielle crise de régime et des semaines de spéculations : "Comme président de la République, je me dois de diriger l'État. Comme socialiste, je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche. Je suis animé par l'intérêt supérieur du pays. L'expérience m'a apporté l'humilité nécessaire dans ma tâche. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat au renouvellement de mon mandat".
Ainsi, c'est tout le fil de la journée que ses proches ont remonté afin de repérer des signes et des indices qui laissaient présager cette décision. À l'antenne de RTL, Patrick Kanner, le ministre des Sports revient sur les heures qui ont précédé l'événement : "Je sentais bien qu'il y avait une contrariété manifeste dans son attitude, y compris dans son regard. C'était un autre François Hollande. Pas de petite blague. Il avait la tête ailleurs".
Tout semble s'être compliqué dans l'esprit du chef de l'État le 12 octobre dernier. Alors que François Hollande affirme être "prêt" en une de L'Obs. Les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, sortent le livre Un président ne devrait pas dire ça, un ouvrage d'environ 700 pages dans lequel il confie ses secrets d'homme d'État. Le grand public découvre par exemple l'opinion de François Hollande sur les magistrats. "Tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux". Le Président juge que les footballeurs sont "sans références, sans valeurs (...) passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation". Autre révélation : le président de la République annonce avoir ordonné quatre exécutions ciblées.
"L'homme au sourire de glace s'est enfin 'défoulé', en prenant le risque de dynamiter sa candidature à l'élection de 2017 (...) Comment expliquer que l’homme de tous les secrets, l’énigmatique, le pudique, le si prudent François Hollande, se soit livré à une forme de confession, non pas auprès d’un chanoine miséricordieux, mais sur le divan rugueux de deux journalistes d’investigation, deux 'chiens policiers', comme aurait pu dire François Mitterrand, dont la mansuétude et l’esprit courtisan ne sont pas les premières des vertus", s'interrogeait Serge Raffy, le rédacteur en chef de L'Obs.
Joint par RTL.fr, Fabrice Lhomme, co-auteur du livre, juge que l'ouvrage a été un "catalyseur" et un "déclencheur" dans lequel François Hollande a voulu "oeuvre de transparence". "Ce livre a été un élément très important qui a durci les conditions pour que François Hollande se représente". Mais il montre surtout une ambiguïté. Le président de la République a exercé une tentative de solder le quinquennat et son expérience à la tête de l'État, en se montrant direct sur la politique qu'il a menée. "Il a voulu être clair, en espérant qu'on lui fasse crédit de tout ceci et en soulignant sa part de vérité", appuie le politologue Laurent Bouvet, joint par RTL.fr.
Le livre a ajouté à ses détracteurs des gens qui lui étaient fidèles
Laurent Bouvet
Cependant, François Hollande s'est heurté aux réactions violentes de certains de ses proches. Claude Bartolone, l'un de ses fidèles, a ainsi appris que le chef de l'État estimait qu'il n'avait "pas l'envergure" pour être premier ministre. Même sentiment du côté de Jean-Marc Ayrault. Le ministre des Affaires étrangères avait déclaré : "La réponse est dans le titre du livre. C'est la seule réponse. Un président ne devrait pas dire ça !", rapporte L'Opinion. Selon Marc Endeweld, grand reporter à Marianne contacté par RTL.fr, "François Hollande "s'est mis à découvert et a multiplié ses ennemis. Dans Un président ne devrait pas dire ça..., François Hollande tient des phrases choquantes envers eux. Et surtout, il a fait preuve de cynisme en avouant le contraire de ce qu'il avait dit ou pensé en tant que président de la République. C'était destructeur. Il a ajouté à ses détracteurs des gens qui lui étaient fidèles".
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