"Je ne suis pas sûr que François Hollande puisse tenir jusqu'en 2017 avec une majorité déchirée", a déclaré le président du MoDem, François Bayrou, dimanche 26 octobre. Chacun y va se son scénario pour la prochaine élection présidentielle. Est-ce bien raisonnable ?
Une phrase résume bien une règle incontestable en politique : "Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir". C'est du Pierre Dac, qui n'était pas précisément un politologue. Il se trouve pourtant que sa maxime se vérifie immanquablement. C'est pour cela qu'il faut être excessivement prudent avant d'affirmer que François Hollande est cuit pour 2017, que Nicolas Sarkozy est mal parti, qu'Alain Juppé est définitivement en orbite et que Marine Le Pen est forcément au deuxième tour. Ça, c'est la photo aujourd'hui. Elle traduit des dynamiques qui, pour certaines, vont mécaniquement se prolonger. Mais cela n'a rien de prédictif.
Les exemples sont légion. Ainsi à l'automne 1994 : c'est évident pour tout le monde, Édouard Balladur va gagner la présidentielle du printemps suivant. Son lieutenant Nicolas Sarkozy (visionnaire) explique, urbi et orbi, que Jacques Chirac doit se désister pour que son champion gagne dès le premier tour. En quelques mois, le rapport de force s'inverse. Chirac l'emporte. Cette affiche de deuxième tour, avec Chirac face à Jospin, était imprévisible quelques mois avant. A fortiori deux ans plus tôt.
Rebelote en 2002. Les sondeurs, les journalistes et les candidats eux-mêmes parient sur une revanche Chirac - Jospin. Cela tourne à l'improbable affrontement Chirac - Le Pen. Le candidat socialiste est renvoyé sur l'île de Ré. Même Le Pen n'en est pas revenu. On l'a vu comme liquéfié le soir de sa victoire au premier tour dans un documentaire.
En 2007, Ségolène Royal se qualifie en écrasant les "éléphants". Inimaginable deux ans plus tôt. Il y a aussi le cas François Hollande. Quand il se lance en 2011, il a autour de lui une troupe famélique, parmi laquelle une compagne dévouée (on sait ce qu'il en est advenu). Face à lui, un rival redoutable : DSK. On connait la chute. Hollande était "Monsieur 3%". Il a gagné la primaire, puis l'Élysée.
En 2011, Hollande était "Monsieur 3%". Il a gagné la primaire, puis l'Élysée.
Élizabeth Martichoux
Il y a une surprise à chaque élection. Même en 1965, année de la première présidentielle au suffrage universel. Le général de Gaulle, l'homme d'Etat incarné, est tellement certain de l'emporter au premier tour qu'il ne se déclare qu'un mois avant le scrutin. François Mitterrand, candidat unique de la gauche, le met en ballottage.
Les prévisions tombent systématiquement à l'eau pour plusieurs raisons. Il y a le facteur humain, qui peut casser un élan. C'est la la gaffe, le faux pas, jusqu'au suicide politique spectaculaire de DSK. Il y a les erreurs stratégiques des candidats : le favori qui ne veut pas bouger, et qui du coup recule. Citons aussi l'opinion versatile : les promesses des élus sont parfois inaudibles deux ans avant et font mouche avant les élections. La rationalité des analyses qui domine les projections deux ans avant est souvent balayée par cette alchimie propre aux campagnes présidentielles.
Début 2017, une embellie économique et une droite atomisée peuvent subitement ressusciter François Hollande. Ce n'est pas le plus probable, mais il ne faut pas l'exclure. De la même façon, Nicolas Sarkozy reboosté par deux victoires électorales de parti de droite en 2015, peut faire un beau retour. Alain Juppé, l'homme qui rassure la droite et séduit une partie de la gauche, peut subir le syndrome Balladur, trop sûr de lui. Marine le Pen, irrésistible aujourd'hui, peut être vulnérable demain.
La rationalité des analyses est souvent balayée par cette alchimie propre aux campagnes présidentielles
Élizabeth Martichoux
Rien ne se passe jamais comme prévu dans une présidentielle, où la dimension personnelle joue un rôle déterminant. Pour ne pas rester dans cet océan d'incertitudes, terminons sur une autre citation de Churchill : "Un bon politicien est celui qui est capable de prédire l'avenir et qui, par la suite, est également capable d'expliquer pourquoi les choses ne se sont pas passées comme il l'avait prédit". Là, François Hollande peut se sentir visé à coup sûr.
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