Alba Ventura : "Le centre n'incarne pas grand chose et pourtant il reste au centre de tout"

L'élection du président de l'UDI ne passionne pas les foules ni même les militants centristes. 10.000 se sont abstenus au premier tour jeudi dernier, sur 28.300 militants. Soit presque 1 sur 2 ! 

Quand pratiquement la moitié de vos troupes, c'est-à-dire le cœur d'un parti, ne fait pas l'effort de désigner son nouveau chef, c'est qu'il y a un énorme problème. Mais le pire, c'est le sondage de "notoriété", qui a été réalisé dans la foulée du premier tour, qui a vu se qualifier Hervé Morin, l'ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis.

Bayrou et Borloo restent favoris

L'un des deux va devenir le mois prochain le patron de l'UDI, le successeur de Jean-Louis Borloo. À la question "Qui incarne le mieux le centre ?", c'est François Bayrou et Jean-Louis Borloo qui écrasent tout, sauf qu'ils ne sont pas dans la course.

Donc qui d'Hervé Morin ou de Jean-Christophe Lagarde incarne le mieux le centre aux yeux des électeurs centristes ? 14% pour Morin, 0% pour Lagarde (sachant que c'est ce dernier qui est arrivé en tête au premier tour). Il y a du boulot !

Ce n'est pas une élection pour rien parce que le centre, lui, ne compte pas pour du beurre

Alba Ventura

Ce n'est toutefois pas une élection pour rien parce que le centre, lui, ne compte pas pour du beurre. C'est tout le paradoxe : on a un centre qui n'incarne pas grand chose (il y a quand même 8 Français sur 10 qui estiment qu'il n'a pas un poids politique important) et pourtant il reste au centre de tout.

La progression du "centrisme"

Alors Jean-Louis Borloo voulait faire de l'UDI "le porte-avion rescue", on en est très loin. Mais il faut reconnaître que le "centrisme", l'air de rien, progresse tout doucement sur le terrain. On n'en parle pas beaucoup, ça ne fait pas de vague, mais les résultats sont là : 53 villes de plus aux municipales, 12 sièges supplémentaires au Sénat.

Du coup l'UDI a l'intention de présenter des candidats partout aux régionales, l'an prochain. On ne les voit pas venir, mais ils ont le vent en poupe par endroits. On a appris par exemple qu'à la région Île-de-France, 9 élus de l'UMP sont partis à l'UDI pour des raisons diverses. 9 élus c'est beaucoup. Tout ça pèse dans des accords électoraux, dans des élections intermédiaires. Le centre c'est peut être une force d'appoint, mais ce sont ces forces d'appoint qui souvent font les victoires.

Le centre au cœur de la présidentielle 2017 ?

À l'UMP, on dirait que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont tiré la conclusion que la prochaine bataille présidentielle se jouera avec le centre. Il y a eu une exception, en 2007 : Nicolas Sarkozy l'a emporté sans aller draguer le centre. En revanche, il a été battu en 2012 en faisant campagne exclusivement à droite. On voit bien que cette fois, pour 2017, le centre sera quoiqu'il en soit au centre du jeu.

D'ailleurs que fera Jean-Louis Borloo que l'on dit plutôt proche de Nicolas Sarkozy ? Et quel rôle jouera François Bayrou, qui annonce déjà qu'il ne sera pas candidat en 2017 et qu'il soutient Alain Juppé ? Quelle ironie du sort si Bayrou et Borloo devenaient les faiseurs de roi ?