Alba Ventura : "Nicolas Sarkozy va chercher les soutiens avec les dents"
REPLAY - Un mois après son retour, Nicolas Sarkozy poursuit son tour de France. Il était ce mardi soir à Nice, sera ce jeudi à Toulon et revendique de plus en plus de soutiens.
Nicolas Sarkozy voulait aller chercher la croissance avec les dents. Les soutiens c'est pareil, il va en chercher certains avec les dents, notamment tous ceux qui lui ont tourné le dos depuis 2012.
L'une des forces de Nicolas Sarkozy est cette ténacité, cette force de conviction aussi. Il va chercher ses soutiens un par un. Des soutiens très difficiles à décrocher mais très précieux. Tous ces ralliements qu'il installe sur sa cheminée comme des trophées.
Si tu ne viens pas à Sarkozy, Sarkozy viendra à toi !
Alba Ventura
Si tu ne viens pas à Sarkozy, Sarkozy viendra à toi ! C'est la formule qu'il s'est appliquée. Et entre son tour de France et les multiples convocations dans son bureau, c’est comme ça qu'il est allé arracher les soutiens d'Éric Ciotti, de Valérie Pécresse, d'Éric Woerth, de Hubert Falco, tous proches de François Fillon, et de Gérald Darmanin, son jeune porte-parole, proche lui de Xavier Bertrand. Nicolas Sarkozy pourra ainsi se targuer d'avoir rassembler au delà des sarkozystes.
C'est du soutien "contraint" ou un échange d'intérêt bien compris
Alba Ventura
Mais ces élus ne lui sont pas totalement acquis. D'ailleurs il n'y a qu'à voir leur enthousiasme débordant. Sur leur visage, il y a un côté : "Cache ta joie !". Disons qu'ils sont avec lui pour le premier tour, c'est-à-dire pour l'UMP, mais pas pour le 2ème tour, c'est-à-dire pas pour la présidentielle. On peut appeler ça un ralliement en contrat à durée déterminée qui se termine le 29 novembre, jour du congrès de l'UMP. Chacun ensuite regagnera ses pénates, les uns chez François Fillon, les autres chez Xavier Bertrand.
C'est du soutien "contraint" ou un échange d'intérêt bien compris. C'est la possibilité pour l'un de se faire une petite notoriété, pour l'une de se faciliter la vie à quelques mois de la campagne pour les régionales, pour l'autre l'occasion de ne pas froisser un électorat, notamment celui de la Côte d'Azur très attaché à Nicolas Sarkozy.
Un soutien "service minimum" qui risque de se transformer en problème "maximum" quand il faudra expliquer que Nicolas Sarkozy président pour 2012 c'était oui, Nicolas Sarkozy patron de l'UMP en 2014 c'est encore oui, mais Nicolas Sarkozy président en 2017, c'est non.
Les syndromes Giscard et Jospin
Tout cela montre qu'il est très difficile de revenir quand on a été battu. En matière de tentative de retour manqué, il y a deux syndromes : le syndrome Giscard et le syndrome Jospin.
Le président Valéry Giscard d'Estaing, dès le lendemain de sa défaite, n'avait pensé qu'à son retour mais il n'a jamais réussi à revenir, même après avoir fondé son parti l'UDF, parce qu'au fond la roue avait tourné pour lui.
Éliminé au premier tour de la présidentielle de 2002, Lionel Jospin avait lui annoncé sa retraite politique, mais il a tenté un retour en 2006. Il s'est dit "disponible", il voulait qu'on l'appelle, or tout le monde avait perdu son portable et la porte s'est refermée.
Nicolas Sarkozy a balayé le syndrome Jospin. En revanche, le syndrome Giscard est toujours là. On peut redevenir le patron de son parti et ne pas pouvoir redevenir président de la République. À Nicolas Sarkozy de prouver le contraire.
