Le vice-président de l'Assemblée nationale, l'écologiste Denis Baupin, a démissionné lundi (9 mai) après les accusations de "harcèlement" et d'"agression sexuelle" dont il fait l'objet. Visiblement, ça se savait. Comme pour Dominique Strauss-Kahn, ça se disait. Tout proportion gardée, bien sûr. Ça se racontait dans les coins, ça se murmurait : oui Denis Baupin était réputé pour son côté "lourdingue" et ses mains baladeuses.
D'ailleurs c'était tellement sérieux qu'il y a un an, à la suite d'une tribune de femmes journalistes intitulée "Bas les pattes" - qui dénonçait le sexisme de certains élus -, Europe Écologie-Les Verts avait organisé un débat. Cette rencontre avait été houleuse. Cela s'est terminé par la création d'une boîte mail pour les victimes de harcèlement. Même à Europe Écologie, qui est le parti "féministe" par excellence, où la parité est vraiment appliquée (trois femmes ont dirigé cette formation), la loi du silence a eu du mal à être brisée.
"Tout le monde savait mais personne n'a rien dit" : on connaît cette chanson. Pourquoi ? D'abord parce que c'est plus compliqué qu'on ne le croit (cela vaut pour tous les milieux). Ce sont des rumeurs, des on-dit, parce qu'il n'y a pas de témoins. Ensuite, dans le cas précis d'EELV, certains expliquent qu'ils ne voulaient pas s'en prendre par ricochet à la femme de Denis Baupin, Emmanuelle Cosse, aujourd'hui ministre du Logement. Ensuite, quand on est une femme politique, on n'a pas envie d'apparaître comme une victime, parce que se poser en victime c'est s'affaiblir.
Il n'y a pas de bon moment pour faire éclater ce genre d'affaires. Cela peut prendre des années. Il y a parfois un élément déclencheur. Là visiblement, ça a été une photo de plusieurs élus, des hommes, dont Denis Baupin, avec du rouge à lèvres, pour honorer la journée de la femme, le 8 mars dernier. Là, Baupin s'est fait prendre à son propre jeu. Parce que Baupin en défenseur des femmes, on rêve !
Cela relève d'abord qu'il ne faut pas considérer que c'est du ressort de la vie privée. Un député, un ministre, un homme qui a de grandes responsabilités dans un parti, qui pense que tout est permis avec une de ses collègues, une collaboratrice, une attachée parlementaire, une journaliste, ce n'est pas de la vie privée. C'est du contentieux. Cela peut finir au pénal, parce que c'est grave.
Cela révèle aussi - et c'est très répandu dans le monde politique - ce sentiment qu'ont certains de puissance et d'impunité. Comme si le pouvoir les autorisait à agir comme des mufles. Le pouvoir, c'est une forme de domination. Parés du pouvoir, certains se croient irrésistibles. La séduction, les compliments, la drague, c'est une chose. Abuser de son rang pour obtenir des faveurs, c'est autre chose.
Il ne s'agit pas bien sur de faire comme aux États-Unis, où une remarque courtoise peut passer pour du harcèlement. Mais sans aller jusque-là, tous les comportements graveleux, toutes les remarques sexistes, toutes les pressions lourdes, tous ces gestes carrément déplacés, doivent être sanctionnés durement. S'il y a plainte, la justice doit faire son travail. Mais c'est aussi aux partis politiques (et aux entreprises) de faire le ménage.
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